Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
296. Memorandum Ludwigs XIV. für Longueville, d’Avaux und Servien Amiens 1646 Mai 31
Amiens 1646 Mai 31
Kopien: AE , CP All. 65 fol. 281–287’ = Druckvorlage; überbracht durch Saladin; AE ,
CP All. 76 fol. 498–503. Konzept Lionnes: AE , CP All. 60 fol. 383–390, datiert: 1646
Juni 1. Druck: Mém. et Nég. II S. 385–402; Nég. secr. III S. 205–208; Gärtner
IX S. 1021–1037.
Gründe für die unerwartete Verweigerung Breisachs: Rücksicht der Kaiserlichen auf Spanien.
Peñarandas Bestreben der Isolierung Frankreichs durch Sonderverständigung mit den Alliierten.
Gegenmaßnahmen: Förmliche Erklärung der Schweden, nicht ohne Frankreich abzuschließen.
Demonstration der Stärke und Unnachgiebigkeit: Erklärung der Gesandten über die Standhaf-
tigkeit und Bündnistreue Frankreichs. Erhoffte günstige Wirkung. Effektive Nachteile eines Ab-
falls der Alliierten. Alternative für Breisach: Abtretung Philippsburgs inklusive Verbindungs-
linien , Schleifung Breisachs. Annehmbarkeit dieser Lösung für den Kaiser. Entschädigung Triers.
Beschleunigung des Abschlusses im Reich: Drohender Abfall der Generalstaaten mit dem Eintref-
fen neuer Instruktionen für Peñaranda. Notwendigkeit entschlossenen Auftretens der Gesandten.
Zum Stand der Dinge in Holland s. Beilage 1 zu nr. 297. Erklärung gegenüber den Gesandten
der Generalstaaten: Androhung von Konsequenzen für den Fall ihrer Untreue. Erneute Weisung
Mazarins an Turenne zur Vermeidung der Armeenzusammenlegung und zur Einnahme Luxem-
burgs . Gewinnung Torstensons für diese Pläne. Deren Rechtfertigung. Widerstand gegen die
Schädigung der katholischen Interessen im Reich. Drängen auf Neutralitätsabkommen mit
Bayern. Argumente, um Druck auf Kaiserliche und Spanier auszuüben.
Si on fait réflexion sur la manière dont le comte de Trautmansdorff parla de
Brisach lorsqu’il nous offrit l’Alsace et le Sungau
S. [ nr. 226 ] .
duc de Bavières a escrit icy au nonce Bagny dans ses deux dernières despê-
ches où il spécifie notamment ladite place dans nostre satisfaction, outre les
autres avis que nous avons eus de Vienne de la résolution qu’avoit à la fin
prise l’Empereur de la céder si les effortz que l’on feroit auparavant pour nous
obliger à consentir à sa démolition estoient inutiles, il est à présumer que
quand ses ministres font semblant de vouloir aujourd’huy se rétracter non-
obstant le besoin et l’envie que l’Empereur a de la paix, la passion que Traut-
mansdorff a d’estre bientost libre pour retourner à Vienne et les remonstran-
ces du duc de Bavières que l’on dit estre plustost des protestations que des
prières, cette difficulté que l’on n’avoit point attendue ne procède pas tant
d’aucune volonté déterminée de nous refuser ce point comme elle part des
négotiations des Espagnolz ausquels les Impériaux auront voulu complaire
pour leur donner du temps ou de finir leur traitté avec nous, ou d’en faire un
particulier avec les Holandois, à quoy ilz mettent tous leurs soins et leurs
principales espérances, ou enfin de leur donner moien de proffiter quelque
chose pour l’Espagne par le consentement que donnera l’Empereur à relas-
cher Brisach.
Il ne faut pas douter que Penneranda n’ait emploié toute son industrie et son
éloquence pour persuader à Trautmansdorff que l’Empereur donnant satisfac-
tion entière aux Suédois et tenant bon à ne pas condescendre à la nostre sur le
point de Brisach on mettroit peut-estre les choses en estat ou de nous faire
départir de cette prétention, en quoy ils trouveroient tous un notable advan-
tage , ou de nous faire courre fortune que noz alliez ou quelqu’un d’eux qui
seroient desjà asseurez de leur compte se séparassent de nous par un traitté
particulier au cas que nous ne nous contentassions pas de ce que l’on nous
offre, ne faisant desjà que trop parestre qu’ils tiennent pour desraisonnable et
exorbitant tout ce que nous prétendons, comme pour juste et équitable tout
ce qui leur vient dans la fantaisie d’avoir.
Le vray remède à cella est de faire en sorte que les Suédois renouvellent en
bonne forme dans cette conjoncture la déclaration que monsieur Salvius fit
dernièrement aux Impériaux
S. [ nr. 205 ] , ebenfalls [ nrs. 198 ] und [ 199 ] .
moins pour la conclusion de la paix quand ils n’ont contenté que l’une des
deux couronnes puisque l’on doit enfin se détromper qu’elles soient jamais
capables de s’accommoder que conjointement quelques grans avantages que
l’on accordast à l’une des deux au-delà mesmes de ce qu’elle auroit préten-
du .
Il est certain qu’à moins que de vouloir violer les traittez que nous avons
ensemble les Suédois ne peuvent s’empescher de faire une semblable déclara-
tion quand nous les en requérons, d’autant plus que nous pouvons estre as-
seurez que la cour de Suède depuis l’esclaircissement que nous eusmes sur la
négotiation secrette de Rosenhan avec les ennemis, est dans tous les sentimens
que nous pouvons désirer de fidélité et de ponctuelle observation de nos al-
liances , ce que le sieur Chanut nous confirme encor par toutes ses despêches.
Outre que l’on peut leur faire comprendre facilement que quelque avantage
que la maison d’Austriche accordast séparément à l’une des deux couronnes,
si elle venoit à les diviser, elle y gaigneroit tousjours beaucoup parce que elle
se verroit mise en estat non seulement de rentrer en quelque bonne conjonc-
ture dans les païs qu’elle auroit cédez, mais de pousser plus outre ses progrez
et en prendre d’autres qui ne luy auroient jamais appartenu.
Que si outre les empeschemens que les Espagnolz travaillent à mettre à la
conclusion de cette affaire, à quoy on estime que la déclaration cy-dessus des
Suédois peut remédier suffisamment, il y a eu quelque nouvelle raison qui ayt
obligé l’Empereur à changer d’avis et à ne plus consentir à cette cession de
Brisack, et que le courrier que Bavières mande qu’il avoit despêché exprez à
Vienne sur ce sujet , n’en rapporta rien de plus favorable pour nous, quoy-
qu ’à la vérité on ait grande peine à se le persuader, lorsque l’on fait réflexion à
la chaleur avec laquelle ledit duc aura porté cette affaire, soit pour l’ appréhen-
sion où il est de la jonction des armées de France et de Suède, soit pour la
forte passion qu’il a de conclurre la paix avant la campagne, soit pour son
intérest particulier qui requiert que nous retenions un passage sur le Rhin
pour luy pouvoir tendre la main au besoin: en ce cas le moien que le Roy juge
le plus propre pour faire venir noz parties à nostre point et le meilleur remède
aussy pour nous garentir de ce qui pourroit nous arriver de préjudiciable tant
du costé d’Espagne que de l’Empereur par quelque infidélité de noz alliez, ou
du moins par les espérances que les ennemis ont conceues d’un accommode-
ment particulier avec eux qui les oblige à reculer le général, c’est de monstrer
plus que jamais une entière fermeté et une asseurance dernière de ne rien
appréhender, déclarant hautement aux médiateurs, à noz alliez et à toute l’ as-
semblée , premièrement, qu’on ne doit jamais se promettre d’avoir la paix que
Brisack ne demeure à la France en l’estat qu’il est, qu’elle continuera plustost
la guerre toute seule que de s’en relascher, et qu’elle ne manquera pas pour
cella de moiens de le bien deffendre, et de le faire couster cher à ceux qui
penseront de nous en sortir par la force, et enfin que les choses sont en estat
qu’on a grand tort si on s’attend de nous voir prendre aucune résolution par
crainte ou par foiblesse.
En second lieu, que cette couronne n’abandonnera jamais ses alliez quelques
avantages qu’on puisse luy offrir au-delà mesme de ses prétentions, ce qu’elle
a bien fait paroistre dans tout ce qui s’est passé depuis la régence, n’aient pas
mesmes voulu escouter les propositions que les ennemis ont tenté de luy faire
hors de l’assemblée par toutes sortes de voyes; que dans la nécessité des deux
partis elle choisira beaucoup plustost d’estre abandonnée de ses alliez que de
manquer à la foy des traittez qu’elle a avec eux; que Sa Majesté préfère sa
réputation et son honneur à toute autre considération, et quelque mal qui luy
en peust arriver, elle aimera tousjours mieux estre trompée que de tromper;
qu’après tout la France subsiste de son propre poidz et sa puissance est ap-
puiée sur des fondemens assez solides pour se passer en un besoin d’appuis
estrangers et ne rien craindre pour cella; que quand ses confédérés luy fe-
roient une infidélité manifeste, ce qu’elle ne peut se persuader, ses affaires ne
se conserveroient pas moins en bon estat. Outre qu’elle ne manqueroit pas de
moiens de pouvoir former un nouveau party, peut-estre autant considérable
que le premier, et de trouver d’autres amis puissans et fidèles notamment
après l’espreuve qu’elle viendroit de donner à la veue de tout le monde de
l’inviolabilité de sa foy. Enfin que la France fera ce que’elle doit, et il arrivera
ce qu’il pourra.
De semblables discours que lesdits Sieurs Plénipotentiaires tiendront par delà
et que l’on confirmera d’icy en tenant tout le mesme langage aux ministres
des princes estrangers, faisant paroistre que c’est une résolution prise par Sa
Majesté en son conseil après une délibération très meure, ne peuvent produire
que de bons effetz, soit envers noz parties pour leur oster toute espérance de
nous faire relascher par la crainte, soit envers les estatz de l’Empire catholi-
ques ou protestans qui ne voudront pas voir durer la guerre pour le seul point
de Brisach ny continuer les assistances à l’Empereur sans autre fin que de luy
faire ravoir cette place lorsqu’ils doivent les uns et les autres par leurs inté-
restz particuliers souhaitter plustost qu’elle demeure entre noz mains, soit en-
fin envers noz alliez mesmes par le bon exemple que nous leur donnons, et
qui les met en estat de ne pouvoir nous manquer sans encourir quelque espèce
d’infamie.
Avec tout cella Sa Majesté ne laisse pas de bien considérer quelz préjudices
pourroient résulter à la France d’une défection de ses alliez, parmy lesquelz
celuy-là seroit tousjours certain que la paix en seroit reculée et que l’on nous
refuseroit sans doute les mesmes conditions que l’on nous offre aujourd’huy
pour les espérances que noz ennemis auroient conceues de pouvoir alors mettre
leurs affaires en meilleur estat, n’aians à combattre que les seules forces de la
France. C’est pourquoy Sa Majesté songeant à donner moien ausdits Sieurs
Plénipotentiaires d’obvier à tout selon que les conjonctures qui peuvent arriver
l’exigeront, leur met en considération si nonobstant ce qui est porté cy-dessus
de la fermeté qu’ils doivent monstrer sur le point de Brisack, et pour ne retarder
pas plus longtemps la paix dans l’Empire où nous trouvons fort bien nostre
compte et dont nous pouvons tirer des avantages notables contre les Espagnolz,
soit pour la guerre, soit pour la paix, il ne seroit point à propos de nous porter à
quelque tempéramment sur le point dudit Brisack, pourveu que nous y trou-
vassions la mesme et la principale utilité que l’on en avoit prétendue, qui est de
nous asseurer le passage du Rhin, comme seroit en nous laissant Philisbourg
avec la ligne de communication pour pouvoir y aller de France sans passer hors
des Estatz de Sa Majesté, et que suivant l’offre des Impériaux Brisack fust rasé et
le pont rompu, et que nous pussions fortifier deçà le Rhin en tel endroit de
l’Alsace que nous voudrions et eux ne le pussent au-delà.
Il est mesmes à remarquer qu’il ne seroit pas besoin de nous donner un grand
païs pour faire cette ligne puisqu’avec l’abbaye de Weissenbourg appellée en
latin Alba Regia qui achève au Rhin vis-à-vis de Philisbourg on asseure qu’on
pourroit aller en seureté de Haguenau audit Philisbourg.
Comme l’Empereur est très libéral avec les Suédois du bien d’autruy et mes-
mes de ceux de l’Eglise à des protestans, et qu’il est d’autant plus réservé avec
nous que ce que nous demandons se trouve estre du patrimoine de la maison
d’Austriche, il est à croire que pour nous faire sortir de Brisack qui est des
païs héréditaires, quoyqu’avec la condition que les fortifications en devront
estre démolies, il sera ravi de sacrifier Philisbourg qui appartient à un prince
dont le mescontentement présent ne le touchera guères, et on peut mesmes se
souvenir que les ministres impériaux ont souvent voulu nous donner la pen-
sée de prétendre quelques autres Estatz au lieu de l’Alsace, nous insinuans
adroittement que nous y trouverions toute facilité quand mesmes ilz seroient
plus considérables et de plus grande estendue.
En ce cas on ne s’esloigneroit pas mesmes icy s’il estoit nécessaire absolument
de donner récompense dudit Philisbourg à l’électeur de Trèves qui y consen-
tiroit volontiers, notamment s’il y en avoit une partie qu’il receust sous main
pour pouvoir en agrandir ses parens qu’il aime tendrement, et le reste pour-
roit estre paie en telle nature de biens en France qu’ilz serviroient à tenir ses
successeurs en dévotion vers cette couronne et les attacher à ses intérestz.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires prendront seulement garde en cella que s’il y
a quelque chose à faire pour l’accommodement de l’Empire il importe extrê-
mement qu’il soit conclu avant que le dernier courrier que Penneranda a des-
pêché en Espagne soit de retour, non seulement parce qu’il pourroit avoir
plus en main de quoy traverser l’affaire auprès de l’Empereur, mais parce que
ce courrier pourroit apporter de telles résolutions en faveur des Holandois
qu’ils conclurroient en un instant leur traitté particulier et donneroient ce
mauvais exemple aux Suédois qui d’ailleurs pourroient nous considérer moins
pour l’allié que nous viendrions de perdre. Ainsy on juge que le moien le plus
propre que nous aions pour prendre noz précautions contre la mauvaise foy
des Holandois dont leur procédé ne nous donne que trop de soupçons avec
fondement, c’est de haster la conclusion des affaires de l’Empire. Et c’est
aussy le principal motif pour lequel Sa Majesté a songé au tempéramment de
Philisbourg et de [la] ligne de communication au lieu de Brisack et qu’elle a
suggéré cet expédient ausdits Sieurs Plénipotentiaires pour s’en servir à point
nommé selon les rencontres quand ilz le jugeront à propos. Mais cependant
ils n’obmettront rien de ce qui leur est ordonné cy-dessus pour monstrer
tousjours une fermeté inesbranlable et une dernière asseurance et résolution
parce qu’en effet quoyque nous ne devions rien oublier de ce qui peut main-
tenir noz alliez en foy, la crainte de ce qui pourroit arriver de leur infidélité
ne sera jamais capable d’obliger cette couronne à la moindre bassesse.
On envoie ausdits Sieurs Plénipotentiaires la copie d’une lettre que monsieur
le cardinal Mazarin escrit par cette mesme voye au sieur de La Thuillerie , par
laquelle ils verront bien en détail toute la conduitte de Messieurs les Estatz,
les avis que nous avons de divers endroitz de ce que les ennemis prattiquent
avec eux, la disposition des espritz dans les provinces, celle de monsieur le
prince d’Orange, de madame sa femme, les moiens que l’on emploie pour les
aliéner de la France et les remèdes ausquelz on a pensé icy pour empescher
s’il est possible la suitte de ce mal, à quoy lesdits Sieurs Plénipotentiaires co-
opéreront de leur costé conformément en tout ce qu’ilz pourront y contribuer
envers les députez de Messieurs les Estatz qui sont à l’assemblée suivant la
connoissance que la mesme lettre leur donne des sentimens et des intentions
de Leurs Majestez.
Il sera bon qu’ils parlent hautement ausdits députez et qu’ils leur fassent
connoistre qu’ils auroient grand tort s’ilz présumoient de porter la France à
aucune chose contre ce qu’elle doit par l’appréhension qu’ils [ne] s’ accommo-
dent sans nous avec noz parties, que nous ne nous mettrons point en devoir
de les prévenir quoyque nous le pussions et que nous en soions tousjours
recherchés vivement; qu’on les laissera faire et qu’ils reconnoistront avec le
temps que les principales forces de cette couronne sont en elle-mesme, que
son amitié ou son indignation ne sont pas des choses indifférentes ou à mes-
priser , et par conséquent qu’ils n’auroient pu prendre un plus mauvais party.
Pour conclusion on pourra leur tesmoigner le desplaisir que Leurs Majestez
auroient de se voir obligées à chercher les moiens de se garentir des préjudices
qui pourroient résulter au bien public de la séparation des Provinces-Unies
d’avec la France, parce qu’il ne se pourroit qu’au dommage d’un Estat qu’elles
aiment et peut-estre à l’avantage des anciens et irréconciliables ennemis des
uns et des autres.
On envoie ausdits Sieurs Plénipotentiaires la copie d’une seconde lettre que
monsieur le cardinal Mazarin escrit à monsieur le mareschal de Turenne pour
luy faire connoistre de quelle importance il seroit au service de Sa Majesté si
sans rien gaster avec les Suédois il pouvoit adroittement éviter la conjonction
qu’ils désirent de noz deux armées, et qu’il pust dans cet intervalle emploier
pour quelque temps une partie de la sienne à emporter la ville de Luxembourg
dont la cheute entraisneroit celle de toute la province qui en porte le nom.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires verront par le contenu de ladite lettre les biais
que l’on suggère audit sieur mareschal pour rendre Torstenson plus favorable
à cette pensée par son intérest particulier, et de leur costé s’ils voient jour de
pouvoir par quelque négotiation le porter à noz fins, se servans des mesmes
moiens et offres que l’on permet audit sieur d’emploier s’il est nécessaire ou
d’autres qu’ils aviseront, ilz n’y devront rien oublier ny à tenir continuelle-
ment ledit sieur mareschal bien averty de ce qu’ilz y auront avancé et de ce
qui se passe dans l’assemblée touchant les affaires de l’Empire affin qu’il
puisse prendre ses résolutions là-dessus.
Les Suédois à la vérité seroient bien injustes et leur procédé seroit hors de
toute raison si maintenant qu’ils n’ont à faire aucun effort pour obliger les
Impériaux à leur accorder leur satisfaction puisqu’ils sont asseurés de l’avoir
telle qu’ils l’ont demandée et que mesme ils peuvent conclurre une suspension
pour l’affermir davantage, ils insistoient encores à cette conjonction qui leur
est tout à fait inutile et à nous extrêmement préjudiciable pour plusieurs res-
pectz , mais surtout en ce qu’elle nous oste un moien d’emporter un avantage
de grande considération sur les Espagnolz, dont il résulteroit mesmes beau-
coup de bien et de proffit à tous les intéressez en nostre cause en quelque
endroit esloigné qu’ils soient.
Ils ne sçauroient en justice se défendre d’y consentir sous prétexte que ce
seroit abandonner les affaires d’Allemagne puisque comme lesdits Sieurs Plé-
nipotentiaires verront par ladite lettre on prétend tousjours laisser sur le Rhin
neuf à dix mil hommes cavalerie et infanterie, qui est une armée plus considé-
rable que ne l’avoit monsieur de Guébriant l’année qu’il est mort
1643. Zu Guébriant s. [ nr. 100 Anm. 3 ] .
est encores à remarquer que si on prétendoit laisser sur le Rhin [un] plus
grand corps, il seroit impossible qu’il se pust maintenir ny subsister sans
pousser plus avant et ainsy courre la risque que nous avons tant de sujet d’ ap-
préhender d’ailleurs de changer en un moment par quelque événement de
guerre la face des affaires qui est Dieu mercy si riante aujourd’huy et si favo-
rable à tout nostre party.
Lesdits Sieurs Plénipotentiaires auront beau champ de faire valoir encores en
cette conjoncture la sincérité des intentions de Leurs Majestez ou pour mieux
dire la retenue et les scrupules de leur procédé,
jours et bien souvent à leurs despens que la seule règle des résolutions de leurs
alliez est celle de leur intérest particulier et qu’ils emploient tousjours indiffé-
remment toutes leurs forces selon qu’ils le jugent plus avantageux à leurs af-
faires sans avoir esgard aux convenances d’autruy ny au bien de la cause com-
mune et sans leur en dire un seul mot, elles ne veullent pourtant pas résoudre
la moindre chose quoyqu’utile à un chacun sans la leur communiquer aupara-
vant et sans qu’ilz l’aient expressément approuvée.
Sa Majesté ne sçauroit exprimer suffisamment ausdits Sieurs Plénipotentiaires
à quel point de douleur elle est touchée de voir que toutes les affaires de la
religion prennent de plus en plus un mauvais ply en Allemagne, par l’ aban-
donnement que les Impériaux en font du conseil des Espagnolz pour d’autres
intérestz politiques; et le principal est l’animosité des uns et des autres contre
cette couronne et la passion démesurée qu’ils auroient de luy faire du mal au
prix mesme de tout ce qui devroit estre de plus sacré et de plus inviolable.
Cependant ils veulent tousjours estre tenus pour les seulz défenseurs de la foy
et pour les uniques protecteurs de l’Eglise.
Sa Majesté sçait qu’il est superflu d’exciter là-dessus le zèle et la piété desdits
Sieurs Plénipotentiaires, particulièrement après ce qu’elle leur a souvent man-
dé estre de ses intentions; néantmoins reconnoissant mieux tous les jours que
les Suédois et Madame la Langrave n’oublient rien pour se procurer avec
adresse et fermeté des avantages qui tendent principalement à l’abaissement
ou à des dommages irréparables pour la religion catholique et cella contre la
foy des mesmes traittez que nous avons ensemble, Sa Majesté se croid obligée
de renouveller plus précisément les ordres qu’elle a donnés de temps en temps
ausdits Sieurs Plénipotentiaires de tenir ferme en semblables matières et de ne
consentir à aucune des nouveautez que les uns et les autres voudroient mettre
sur le tapis, mais de les contrecarrer et de s’y opposer formellement, quelque
chose qui puisse arriver lorsque les autres moiens seront infructueux, Leurs
Majestez n’estimans pas que la facilité que noz parties apportent à donner
contentement entier à noz alliez aux despens de la religion puisse servir d’ ex-
cuse valable devant Dieu ny auprès des hommes de n’y avoir pas vigoureuse-
ment résisté. Et noz alliez mesmes ne sçauroient trouver estrange de nous
trouver contraires aux proffitz qu’ils en tireroient puisque nous demeurons
aux termes de tous les traitez que nous avons ensemble où cette condition a
esté tousjours insérée comme la principale et sans laquelle on n’auroit jamais
conclu avec eux aucune alliance. Outre que l’exemple qu’eux-mesmes nous
donnent par l’ardeur qu’ils font parestre pour l’accroissement de leur religion
nous doit d’autant plus obliger à redoubler nostre zèle pour le maintien de la
nostre qui est la vraie et la bonne, et à en conserver les prérogatives et les
avantages au prix de toutes les considérations d’Estat et de politique ausquel-
les Dieu qui void le cœur de Sa Majesté et ses saintes intentions aura infailli-
blement la bonté de remédier par d’autres voies connues à sa providence.
Sa Majesté estime qu’il est important au bien public et à son service, et que la
conjoncture mesme y est fort propre de faire presser Bavières par ses minis-
tres à prendre quelque résolution. Comme il voit que ce n’est pas la France,
mais les intérestz des Espagnolz et leur[s] artifice[s] qui empeschent que la
paix ne puisse se conclurre dans l’Empire, il pourroit convenir avec nous
d’une neutralité à l’exemple du duc de Saxe avec la couronne de Suède. Et
parmy un grand nombre de raisons qui doivent obliger ledit duc de Bavières à
ne perdre pas un moment de temps de le faire, il semble que ce ne sera pas la
moins efficace que de luy faire bien insinuer par ses députez que la jonction
des armées françoise et suédoise estant faite une fois, quelque bonne disposi-
tion que nous aions pour sa personne et pour ses intérestz, et avec quelque
passion que nous souhaittions de luy en faire voir les effetz, tout le contraire
pourra arriver sans qu’il soit en nostre pouvoir de l’empescher.
On pourra luy faire valoir l’alte que fait nostre armée deçà la Rhin avec tant
d’incommodité, et les excuses que l’on trouve pour différer de le passer et
faire la jonction afin de voir encores pendant quelque temps ce que la négo-
tiation produira et ne faire agir noz armes contre luy que quand on ne pourra
pas s’en deffendre par d’autres intérestz plus puissans.
Qu’il est cependant en luy d’y donner ordre comme il y a sujet de croire de sa
prudence qu’il fera, et qu’il sera d’autant plus hardi à prendre quelque bonne
résolution qu’il verra que tout le party catholique qui est à Munster adhère de
volonté et de désir aux sentimens de cet[te] couronne et trouve fort à dire au
procédé des Impériaux qui tiennent bon sur le point de Brisack pendant
qu’ilz accordent toutes choses aux Suédois aux despens de l’Eglise et avec des
dommages irréparables pour la religion.
D’un autre costé pour presser les Impériaux et leur mettre sur les bras tous
ceux qui souhaittent ou qui ont intérest en la prompte conclusion de la paix
dans l’Empire, il sera bon de faire connoistre que dez que les armes auront
commencé d’agir, elle sera beaucoup plus esloignée et plus difficile parce que
comme les forces des couronnes alliées sont supérieures à celles de l’autre
party, il faut qu’un chacun s’attende que leurs prétentions augmenteront à
mesure que l’on remportera des succez avantageux.
Il y aura beau champ aussy de rendre les Espagnolz odieux dans l’Empire
prez de tous ceux qui en désirent le repos, leur faisant comprendre que ce
sont leurs artifices qui trouvans entrée dans l’esprit des ministres de l’ Empe-
reur empeschent qu’on ne face la paix parce qu’ilz voudroient rendre leur
condition meilleure aux despens des Allemans. Et comme la chose est très
véritable et aisée à prouver et à la faire toucher au doit sur le point de Brisack,
il ne se peut que cella ne produise un fort bon effet.
Beilage :
Mazarin an Turenne, [Compiègne] 1646 Mai 27, Kopie: AE , CP All. 65 fol. 217–219’
derholung der Anweisung, die Vereinigung mit der schwedischen Armee unbedingt zu ver-
meiden . Falls die Schweden selbst sie nicht inzwischen bereits für überflüssig halten und einen
Waffenstillstand vorziehen, schicken Sie jemanden zu Torstenson, um seine Zustimmung zu den
Luxemburg-Plänen notfalls mit einem ansehnlichen Geschenk zu gewinnen. Die Gesandten in
Münster werden in gleichem Sinne instruiert. Vorteile und günstige Auswirkungen einer Ein-
nahme Luxemburgs.