Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
294. Memorandum Mazarins für Longueville, d’Avaux und Servien Amiens 1646 Mai 30
Amiens 1646 Mai 30
Kopien: AE , CP All. 65 fol. 275–277’ = Druckvorlage; überbracht durch Saladin; AE , CP
All. 76 fol. 492–494’. Konzept Lionnes, datiert: 1646 Juni 1: AE , CP All. 60 fol. 391–394’.
Druck: Mém. et Nég. II S. 350–358; Nég. secr. III S. 196–198; Gärtner IX S. 981–988.
Feindseligkeit und üble Dienste der Mediatoren. Einwirkung Contarinis auf Trauttmansdorff im
Sinne Peñarandas: Beförderung von Separatabschlüssen mit Schweden und Holländern, um
Frankreich zur Annahme eines Friedens um jeden Preis zu zwingen. Rückenstärkung der Spanier
durch die Mediatoren. Spanische Gesinnung Chigis. Rat der Mediatoren zu spanischem Verhand-
lungsabbruch . Abneigung gegen die Interessen Bayerns. Drängen auf Einigung Spaniens mit den
Generalstaaten. Schädigung der katholischen Sache durch den Nuntius. Aufhetzung der Gesand-
ten Triers gegen Frankreich. Weitergabe der vertraulichen Informationen bez. Tausch und Hei-
rat an die Holländer durch Contarini. Berufung Chigis auf den Friedenswillen der Königin und
Mazarins Obstruktion. Heuchlerische Freundschaftsbeziehungen Chigis. Motive für die Partei-
lichkeit der Mediatoren. Gegenmaßnahmen: Erklärung der Unnachgiebigkeit auch im Fall der
Untreue der Alliierten; Wachsamkeit; direkte Verhandlungen mit der Gegenpartei; Ausschaltung
der Mediatoren aus der Schlußphase der Verhandlungen.
J’ay voulu Messieurs vous faire ce mémoire à part sur un seul article qui me
tient fort au cœur, et que j’ay d’autant plus de peine à digérer qu’il en arrive
tous les jours des inconvéniens au service du Roy et que plus nous irons en
avant si on n’y remédie par quelque moien, plus de préjudices considérables
nous en devons attendre.
C’est la mauvaise volonté des médiateurs contre nous et l’estrange conduitte
qu’ilz tiennent, qui est arrivée à tel point que je les appréhende beaucoup plus
que je ne fais ny Penneranda ny Trautmansdorff et les tiens pour les plus
dangereux ennemis que la France ait dans l’assemblée et en la négotiation de
la paix.
Je veux me satisfaire de vous en dire quelques particularitez qui sont venues à
ma connoissance affin que par cet eschantillon vous jugiez du reste qui nous
eschappe et que nous n’avons pas moien de sçavoir.
Premièrement je suis certain que le meilleur instrument dont Penneranda se
serve près de Trautmandorff pour luy persuader ce qui convient aux affaires
du roy d’Espagne c’est Contareni lequel a grand ascendant sur son esprit, et
comme son amy particulier et intéressé en sa gloire, il le fait tenir bon à ne
pas donner satisfaction à la France sur le point de Brisach pendant qu’en
mesme temps par l’instigation dudit Penneranda il le conseille d’accorder tout
aux Suédois affin de voir si les grans avantages qu’ils peuvent remporter par la
paix lorsqu’on nous laisse en arrière, et d’autre costé les propositions spécieu-
ses qu’ilz font à Messieurs les Estatz et l’argent qu’ilz veulent prodiguer pour
corrompre leurs députez ne pourront point produire la séparation de quel-
qu ’un de noz alliez d’avec cette couronne, après laquelle ils croient que nous
nous relascherions de tout et que nous aurions grande haste à conclurre la
paix à quelques conditions que ce pust estre.
Je sçay positivement que lesdits médiateurs n’oublient rien pour encourager
les ministres d’Espagne lorsqu’ilz les voient abbatus et qu’appréhendans de
plus grans malheurs, ils sont sur le point de se résoudre à nous satisfaire. Et
comme Penneranda craint de son particulier qu’on ne luy reproche quelque
jour les difficultez qu’il apporte à la conclusion de la paix, et que les affaires
de son maistre venant à empirer on ne s’en plaigne à luy et que tout le blasme
ne luy en tombe dessus, il se fortiffie et dans le conseil d’Espagne et auprès de
Castel Rodrigo par les sentimens des médiateurs, et notamment du nonce qui
le conseille de tenir bon l’asseurant continuellement qu’en se donnant um peu
de patience il pourra conclurre toutes choses plus avantageusement.
J’ay advis de Madrid et de Rome que dom Louis de Haro et le cardinal Albor-
nos
Ghisi qu’ilz avoient des preuves certaines et infaillibles de son affection et de
sa partialité pour la couronne d’Espagne.
Quand le nonce parle de l’assemblée de Munster à Penneranda ou à quelque
ministre adhérant à son party, il l’appelle tousjours «conciliabule», et je suis
mesmes averty que luy et Contareni leur insinuent autant qu’ils peuvent
qu’ils devroient rompre l’assemblée, croians que rien ne puisse estre plus
avantageux à la religion et à la maison d’Austriche que cette résolution et
que l’on verroit bientost des révolutions en France par la perte des espéran-
ces de la paix que les peuples souhaittent ardemment ou la séparation de
quelqu’un des alliez par des traitez particuliers, le général ne se pouvant plus
faire.
Et ce qui est estrange, ils sont au désespoir de la bonne disposition que la
France a pour Bavières et des avantages que ce prince est sur le point de
remporter dans la conclusion de la paix jusques mesmes à désirer et à se flat-
ter que le parlement d’Angleterre pourra faire de telles déclarations en faveur
du prince palatin qu’elles feront penser plus d’une fois l’Empereur à ne le pas
desgouster.
Sur quoy je vous diray en passant qu’il seroit bien à propos de le communi-
quer en quelque occasion aux ministres de Bavières et leur faire connoistre
que leur maistre n’a pas seulement à se défendre de ses ennemis et de leurs
alliez, mais de la maison d’Austriche et des ministres du pape mesme.
Je sçay positivement de Bruxelles qu’il n’y a qui que ce soit qui presse plus
vivement qu’eux Penneranda de donner entière satisfaction sans en excepter
aucune à Messieurs les Estatz, affin de pouvoir faire un accommodement par-
ticulier avec eux.
A la vérité si le nonce travailloit à traiter un accommodement particulier entre
la France et l’Espagne affin que ces deux couronnes estans unies elles fissent
la guerre aux hérétiques, ce seroit une application digne d’un vray ministre du
Saint-Siège dont le principal but en toutes choses doit estre l’avantage et l’ ac-
croissement de la religion catholique; mais que celuy-cy ne s’occuppe comme
il fait qu’à faire accorder tout aux Holandois et à porter les Espagnolz de ne
refuser rien de ce qui leur peut faire conclurre un traitté particulier avec eux à
l’exclusion de la France, et qu’il souhaitte les avantages du prince palatin sur
Bavières, c’est ce qui est assés extraordinaire et si odieux en la personne d’un
nonce apostolique qu’il imprime mesmes quelque horreur dans l’esprit de
ceux qui y feront réflexion.
Ledit nonce n’oublie rien pour divertir avec adresse les députez de l’électeur
de Trèves de l’affection qu’ils nous tesmoignent jusques à leur avoir dit pour
les mettre en soupçon des intentions de la France qu’ilz en seroient trompez
sur le point de Philisbourg.
Contareni certainement a rapporté aux députez de Holande et à beaucoup
d’autres tout ce qu’on luy avoit confié du mariage et de l’eschange, et quelque
déclaration du contraire qu’il offre de mettre par escrit et de la signer, il n’y a
rien de plus asseuré, aussy luy aura-il esté bien aisé de convenir avec ceux à
qui il dit la chose comme l’on a accoustumé, que si elle venoit à se divulguer il
désavoueroit hautement de leur en avoir jamais parlé.
Je sçay en outre que le nonce pour s’authoriser davantage et obliger les Espa-
gnolz à avoir plus de créance en luy feint d’estre averti de son collègue qui est
en cette cour et d’autres endroitz biens seurs, concluant ordinairement tous
ses discours que les sentimens et les intentions de la Reine ne peuvent estre
meilleurs pour la paix et pour la conclurre promptement, mais que tout cella
est destourné par le cardinal Mazarin qui escrit en particulier à messieurs les
plénipotentiaires de France pour les empescher de faire ce que la Reine dé-
sire .
Vous devés Messieurs faire estat de tout ce que dessus comme de chose bien
asseurée, et il vous sera bien aisé d’en reconnoistre la vérité ou de la plus
grande partie selon que vous estimerez d’en devoir parler ou non, ce que Sa
Majesté m’a ordonné de vous mander qu’elle remettoit à vostre prudence. Si
vous en dittez quelques particularitez au nonce, vous connoistrez sans doute à
son visage qu’il se sentira coulpable, et ce qui est encores fascheux à son es-
gard , c’est qu’après des déclarations si manifestes en faveur de noz ennemis en
toutes rencontres et en toutes affaires il s’imagine de pouvoir nous endormir
par quatre on cinq belles paroles, par quelques lettres de bagatelles qu’il me
fait escrire par Guido del Palagio comme dernièrement, que les Espagnolz se
plaignent extraordinairement de luy de ce qu’il presse avec ferveur la conclu-
sion d’une affaire si préjudiciable au roy d’Espagne que seroit la paix de l’ Em-
pire s’il n’y estoit pas compris, à quoy je n’ay fait aucune response.
Il semblera estrange que la médiation et la partialité devans en bonne justice
estre deux choses incompatibles ensemble, ces deux personnages-cy se lais-
sent aller avec tant d’abandonnement à cette dernière, eux qui ne devroient
avoir pour but que le bien de la paix et son avancement quelque chose qu’il
en pust couster à l’une des parties.
Le motif principal du Vénitien en cella est peut-estre pour mettre les choses
dans cet équilibre que la République a si fort en teste, et celuy du nonce est de
plaire au prince qu’il sert présentement, et de faire sa fortune à noz des-
pens .
Mais un motif qu’ilz ont en commun quand ils travaillent avec tant de soin à
faire tout accorder aux Suédois et aux Holandois et à faire tenir bon contre les
prétentions de la France, c’est indubitablement celuy qui est touché cy-dessus
qu’ils s’imaginent que si on avoit une fois pu séparer de nous quelqu’un de
noz alliez, nous consentirions d’abord à tout pour avoir la paix. C’est pour-
quoy il me semble qu’il importe extrêmement d’avoir un antidote à ce poison
et de les destromper de cette créance aussy bien que noz parties.
Pour cella je croirois qu’outre ce qui est porté par le mémoire du Roy tou-
chant la fermeté et la résolution que Sa Majesté vous ordonne de monstrer,
vous pourriez tenir un discours précis qui feroit à mon avis un très bon effect.
Ce seroit de dire que nous ne tiendrons jamais aucun de noz alliez capable de
nous faire une infidélité quelques soins et quelques artifices que l’on mette en
jeu pour les y engager, mais que quand par une supposition que nous jugeons
d’ailleurs impossible quelqu’un d’eux vînt à nous manquer, tant s’en faut que
noz parties eussent meilleur marché des conditions de la paix, qu’ilz trouve-
roient alors véritablement en nous ce qu’ils appellent dureté, parce que nous
rehausserions noz prétentions au lieu de les diminuer et nous y tiendrions
fermes.
Pour conclusion je vous diray Messieurs que je voy bien que les médiateurs
ont pris un tel ply qu’il sera maintenant impossible de les redresser, de sorte
que tout ce que nous pouvons faire c’est d’estre tousjours tellement à l’erte
qu’ils ne nous causent que le moins de préjudice qu’il sera possible, voulant
pourtant répliquer ce que j’ay mandé plusieurs fois que s’il y avoit quelque
moien de traitter immédiatement avec les ministres de l’Empereur et d’ Espa-
gne , nous aurions grand sujet d’espérer un prompt et avantageux accommo-
dement . Mais c’est assez Messieurs de vous avoir fait part de tous les avis que
j’ay pour estre asseuré qu’estans sur les lieux et voians les choses de plus prez,
vous y prendrez les résolutions les plus convenables pour le service de Sa
Majesté. Je vous diray bien que si nous sommes une fois d’accord des princi-
paux pointz avec noz parties, mon avis seroit, au cas que l’on pust éviter que
cella ne fust attribué à peu de disposition à la paix et [à] l’envie d’y apporter
de nouveaux obstacles, que nous fissions exclurre de tout les médiateurs affin
de nous vanger de la conduitte qu’ilz ont tenue dans tout le cours de la né-
gotiation , leur ostant la gloire qu’ilz remporteront autrement si la paix ne
s’achève que par leur entremise.