Acta Pacis Westphalicae II B 2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 2: 1645 / Franz Bosbach unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy und unter Mithilfe von Rita Bohlen
68. d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1645 April 1

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d’Avaux und Servien an Brienne


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Münster 1645 April 1

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Ausfertigung: AssNat 274 fol. 392–399 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 399’: 1645
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April 12. Duplikat: AE , CP All. 43 fol. 290–301. Kopien: AE , CP All. 51 fol. 25–30; BN F. fr.
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17897 fol. 66’–73.

7
Empfangsbestätigung; Erwartung Saint Romains und der Instruktionen. Konferenz mit den
8
Mediatoren über die kaiserliche Antwort auf die französische Proposition Ia: vorherige
9
Information Rosenhanes und der Gesandten Hessen-Kassels; Admission der Reichsstände zur
10
Sicherung ihres Mitspracherechtes in Kriegs- und Friedensangelegenheiten und zur Garantie des
11
Friedens, Beharren auf der Freilassung des Kurfürsten von Trier, Andeutungen Contarinis über
12
Fortschritte in dieser Frage; Ablehnung der Benennung der Alliierten Frankreichs und der
13
Ratifikation des Vertrages durch die französischen Stände. Ausbleiben der in vereinbarter Form
14
erneuerten spanischen Vollmacht; mangelnde Friedensbereitschaft der Spanier und ihr nutzloses
15
Warten auf innerfranzösische Unruhen. Fortgesetzte Zurückhaltung der bayerischen Gesand-
16
ten ; nutzlose Entsendung eines Gesandten des Kurfürsten nach Paris; Erkundigungen seiner
17
Gesandten in Münster nach den französischen Satisfaktionsforderungen; ihre Bereitschaft zur
18
Restitution der unteren Pfalz, Rückgabe der Oberpfalz bei Erstattung der Kriegskosten; noch
19
kein Einfluß der Niederlage bei Jankau auf ihre Haltung. Unterstützung der protokollarischen
20
Forderungen des savoyischen Gesandten; Schwierigkeiten bei der Durchsetzung der protokolla-
21
rischen Ansprüche der Vertreter Portugals. Zurechtweisung Turennes wegen seiner Maßnah-
22
men zum Nachteil der katholischen Religion; Klagen des Reichskammergerichts.

23
Nous avons veu dans vostre despêche du 18 e de l’autre mois les bonnes et
24
solides réflections qu’il vous a pieu de faire sur plusieurs pointz de la nostre
25
du 3 e

39
nr. 49.
. Elles nous serviront d’autant de lumières que nous mettrons à proffit
26
dans le cours de cette négotiation tandis que nous attendrons les ordres
27
qu’ensuitte vous nous faittes espérer par le prochain retour de monsieur de
28
Saint Romain. Vous aurez bien remarqué par noz dernières

40
nr. 63.
que nous avons
29
sujet de désirer que cella arrive bientost puisque les ministres de Suède qui
30
sont à Osnabrug se trouvans pressés par ceux de l’Empereur, comme vous
31
aurés veu par la copie de leur lettre que nous vous envoiâmes

41
Als Beilage 1 zu nr. 63.
il y a huit
32
jours, commencent aussy de nous presser |:et quoyque par la réponce que
33
nous leur avons faicte

42
nr. 65.
nous ayons tasché de donner un peu de temps nous
34
ne laissons pas d’apprendre qu’ilz doivent se rendre en cette ville au
35
commencement de la sepmaine prochaine:|.

36
Nous avons fait à messieurs les médiateurs la visite à quoy nous vous avons
37
mandé que nous nous disposions affin de ne leur pas laisser davantage de
38
sujet de trouver à redire en nostre silence |:nous avons creu les devoir

[p. 215] [scan. 263]


1
prévenir dans le dessein qu’ilz avoient de nous venir donner une touche
2
empressante:|. Mais avant que d’aller chez eux nous appellasmes le résident
3
de suède et les députez de madame la langrave de Hesse pour leur
4
communiquer en groz le but de nostre visite tendant à faire cognoistre
5
ausdicts sieurs médiateurs de vive voix seulement combien les Impériaux
6
sont peu raisonnables dans leur procéder par la forme de leur dernier escrit
7
qui ne va qu’à pointiller et non pas à négotier solidement et franchement.
8
Lesditz résident et députés nous firent voir que leur advis sur cette pièce
9
estoit conforme au nostre et quant à la susdicte visitte, ils nous prièrent de
10
ne point passer trop avant en matière jusques à ce que les ambassadeurs de
11
Suède nous aient veus.

12
Nous nous en acquittasmes donc mercredy dernier et commançasmes par
13
leur représenter que si nous voulions tenir la méthode de noz parties nous
14
formerions plustost un procès qu’un traitté de paix. Nous nous attachasmes
15
principalement aux deux premiers pointz en ne faisans que parcourir les
16
autres jusques à ce que nous aions sur ceux-là de quoy estre satisfaitz. L’un
17
fut touchant le concours des princes et estatz de l’Empire en cette
18
assemblée et l’autre sur la liberté de monsieur l’électeur de Trèves. Pour
19
celuy-là nous leur dismes qu’en rendant à noz parties demande pour
20
demande, cela nous estant aussy bien permis comme à eux, nous désirions
21
qu’ils expliquassent ce qu’ils entendent par ces déclarations faittes par
22
l’Empereur ez diètes de 1636, 1641 et 1645

34
Auf dem Regensburger Kurfürstentag (1636–1637) war eine kurfürstliche Deputation zur
35
Beteiligung an den von den kaiserlichen Vertretern zu führenden Friedensverhandlungen
36
beschlossen worden; außerdem sollte jeder Kurfürst die Möglichkeit haben, eigene Vertreter
37
zu entsenden ( Haan S. 149f.). Der Abschied des Regensburger Reichstages (1640–1641) stellte
38
allen Reichsfürsten die Abordnung von Gesandten frei, die jedoch nur beratend tätig werden
39
sollten (vgl. S. 96 Anm. 2). Auf dem Frankfurter Deputationstag schließlich (1642–1645)
40
wies der Kaiser am 13. Januar 1645 seine Gesandten an zu erklären, daß alle Reichsstände
41
Gesandte zu den Friedensverhandlungen schicken könnten, um den kaiserlichen Vertretern
42
zu assistieren; diese Erklärung kam am 5. Februar zur Kenntnis der Deputierten (K.
43
Ferdinand III. an seine Kommissare in Frankfurt, Linz 1645 Januar 13, Druck: Gärtner IV
44
S. 127–133; franz. Übersetzung in BN F. fr. 10649 fol. 37–37’, erläuternde Bemerkungen
45
dazu Ebenda fol. 112–112’, 189–192).
et en fissent apparoir les actes
23
affin de voir ce que c’est, cella estant bien raisonnable puisqu’ils nous y
24
remettent, |:le mot que laschèrent en passant messieurs les médiateurs, si
25
nous pensions que lesdictz princes et estatz de l’Empire eussent voix
26
délibérative en cette assemblée nous fait bien appercevoir qu’on les veut
27
priver du droict de suffrage pour la paix et pour la guerre qui leur
28
appartient et qui leur est légitimement acquis par les constitutions de
29
l’Empire au redressement desquelles:| estant question de travailler il
30
importe grandement de |:les assister pour estre maintenuz en ce droict-là
31
duquel dépend la principalle seureté de ce qui sera traicté avec l’Empereur.
32
Que si l’on venoit à se relascher, il seroit à craindre qu’ilz en conceussent
33
du desgoust et que peut-estre n’y voyans pas leur compte ilz songeroient à

[p. 216] [scan. 264]


1
demeurer plus unis avec l’Empereur ou moins résolus à s’opposer à luy
2
dans les autres choses qu’il a entreprises sur eulx:|. Pour ce qui est de
3
monsieur l’électeur de Trèves nous disputasmes fort et ferme sa liberté et
4
fismes voir à messieurs les médiateurs que ce dont ils se monstroient
5
prévenus, que le traitté préliminaire ne portant que la demande d’un
6
sauf-conduit simplement pour ses députés, il n’estoit point question de sa
7
personne, n’estoit pas bien fondé, puisqu’il n’y est pas fait une plus
8
expresse dénomination que celle-là pour Mayence, Coulongne et Brande-
9
bourg lesquels pourtant se disposent pour y venir avec le temps et n’en
10
seront pas exclus pour n’avoir point esté spéciffiés en personne. La
11
preuve litérale que nous leur en fismes voir sur le champ par l’exhibition
12
du traitté les aiant réduitz à n’y sçavoir que respondre |:monsieur Conta-
13
rini se laissa entendre que l’on pourroit bien faire quelque chose pour
14
ledit sieur eslecteur non par justice, mais pour le respect du Roy, ce
15
qu’ayant réitéré par deux diverses fois nous avons lieu de conjecturer
16
qu’il entend de quelque séquestre et qu’il n’en seroit pas venu si avant
17
sans y avoir recognu de la disposition de quoy toutesfois nous ne tenons
18
rien d’asseuré:|. Mais cella nous a donné sujet d’escrire |:hier à monsieur
19
de Grémonville:| pour le prier de faire en sorte par la continuation de
20
ses instances que |:le pappe veuille un peu presser et peser sur le séques-
21
tre car outre que ce seroit un oeuvre bien juste et charitable de retirer ce
22
prince d’une captivité de dix années, il y auroit beaucoup de gloire et
23
d’avantage pour le Roy d’avoir emporté ce poinct dès le commencement
24
de la négotiation:|.

25
Nous ne fismes comme nous venons de vous dire que passer par-dessus les
26
autres articles, seulement nous leur fismes connoistre que nous n’ enten-
27
dions point entrer dans la spéciale déclaration des alliez de la France et que
28
nous avions sujet de tenir pour tels tous ceux qui ont ou auront durant cette
29
guerre en Allemagne les armes à la main contre noz ennemis. Et sur ce qu’il
30
est fait mention par le mesme escrit de |:la ratiffication des estatz de
31
France:|, nous leur fismes fort considérer l’humeur punctilleuse de noz
32
parties |:et conoistre en mesme temps la différence qu’il y a entre la
33
constitution de l’Empire et de la France où la coustume ny l’ordre ne
34
comportent point de faire la moindre réflection du monde sur semblables
35
prétentions:|.

36
Lesdicts sieurs médiateurs voulurent nous engager à leur donner un nouvel
37
escrit, mais nous nous en excusasmes |:et tascherons de nous en desmêler
38
du moings jusques à ce que nous ayons receu les ordres de la cour que vous
39
nous faictes espérer:|.

40
Quant aux Espagnolz ilz demeurent tousjours en deffaut, et quoyque |:par
41
un article de vostre dernière despêche vous persévérez en l’opinion qu’ilz
42
auroient produict un de ces deux pouvoirs dont on vous a donné advis:|, il
43
ne nous en appert rien du monde. Cette longueur nous donne de plus en
44
plus sujet de croyre qu’il y a de l’artifice et du dessein se disant de toutes

[p. 217] [scan. 265]


1
partz qu’ils ne veulent point de paix. Ç’a esté le sentiment que Messieurs
2
les Estatz en ont tesmoigné à monsieur d’Estrades, lorsqu’il leur a commu-
3
niqué de nostre part ce qui s’estoit passé en la dernière exhibition des
4
pouvoirs, |:et quand le monsieur de Castel Rodrigo a dit à Roncalius qu’il
5
ne doit point s’attendre à d’autre traicté qu’en conformité de celluy de
6
Vervins

40
Friede von Vervins (1598) zwischen Spanien, Savoyen und Frankreich (Druck: Du Mont V,
41
1 S. 561–564).
:| il a assés donné à entendre ce qu’il pense. Mais nous espérons
7
que les Espagnolz tomberont court dans l’attente où ils monstrent d’estre
8
|:de quelque prochaine révolution en France et que ces pensées dont ilz
9
taschent de tirer du soulagement dans leurs disgrâces ne se trouveront que
10
des pures et simples visions:|.

11
Nous vous disions Monsieur par nostre dernière que |:les ambassadeurs de
12
Bavières:| ne se hastoient guères |:de nous faire la visitte dont ilz nous
13
avoient parlé:|. Deux jours après |:ilz s’en acquittèrent mais avec aussy peu
14
d’ouverture de leurs intentions qu’en la précédente, toutes leurs parolles
15
n’allans qu’à nous questionner:|, ils furent paiés de mesme monnoye |:et
16
néantmoins en telle sorte que nous leur donnâmes occasion de reconnoistre
17
que quand ilz la voudroient faire valloir davantage, nous estions tous prests
18
d’y contribuer et d’adjouster aux civillitez avec quoy nous taschons de les
19
entretenir une parfaicte confiance et secret:|. Ilz nous dirent d’abord que
20
|:monsieur de Bavières avoit voulu envoier un depputé en France qui auroit
21
peu se laisser entendre de sa part si on ne luy eust point reffusé un
22
passeport:|

42
lm November 1644 war Maximilian durch Noirmoutier ein entsprechender Bescheid
43
zugegangen ( Schweinesbein S. 186).
. Nous respondismes à cella que ce que l’on en avoit fait estoit
23
pour le mieux |:parce que l’envoy d’un exprès porte esclat et donne
24
occasion ou de jalousie aux amis ou de curiosité aux ennemis, que ledit
25
sieur duc:| sçavoit que tout ce qu’il |:y auroit à faire avec luy estoit remis en
26
noz mains:|. Cette voye aiant esté jugée la plus expédiente |:pour se
27
garentir de l’un et de l’autre des deux inconvéniens cy-dessus puisque le
28
lieu où nous sommes et où les comunications peuvent estre libres pour
29
raison de la négotiation généralle doit moins observer les entreveues et
30
fournit de mille prétextes pour en déguiser le subject:| qu’ils pourroient
31
donc |:nous parler librement et nous dire ce dont ce depputté estoit chargé:|
32
estant bien probable qu’il avoit esté |:envoié non pas pour demander mais
33
pour proposer quelque chose et qu’ainsy ilz pourroient faire sans scrupule
34
avec nous ce qu’il auroit faict par delà:|. Cella ne les rendit pas |:plus
35
persuadez de parler nettement n’y venans qu’à bastons rompus et si
36
finement que nous recognusmes tousjours bien qu’ilz ne s’esloignoient point
37
de leur premier chemin qui va à descouvrir pais:|. La parole qu’ils ne
38
laschèrent qu’à demy |:s’il n’estoit question que de retenir Brisak:| nous en
39
fut une marque bien apparente, et comme ils le coupèrent court là-dessus,

[p. 218] [scan. 266]


1
|:nous demeurâmes court aussy sans y répondre estans gens que nous
2
voions bien suivre exactement l’humeur et sans doutte les instructions de
3
leur maistre qui est d’estre fort couvert. Nous croions ne point fallir d’aller
4

36
4 retenuement] dechiffriert: retenu.
retenuement avec eux sans toutesfois leur oster ny l’envie ny les moyens de
5
s’ouvrir davantage. Ilz touchèrent aussy en passant l’affaire du Palatinat et
6
ne nous dirent en cella que ce qui a esté dict et escrit cent et cent fois,
7
qu’i[l] n’i auroit pas grande difficulté à rendre l’inférieur et que pour le
8
supérieur estant tenu de leur maistre par engagement il ne pourroit pas s’en
9
dessaisir ou qu’en luy rendant les frais de la guerre par luy faicts ou bien en
10
luy remettant en main la Haute Haustriche

38
Kraft des Münchener Vertrages (1619 X 8) hatte Maximilian nach Niederwerfung der
39
Stände Oberösterreichs 1620 zum Ausgleich für seine Kriegskosten Österreich ob der Enns
40
(Oberösterreich) als Pfandbesitz erhalten. Nach Beendigung des pfälzischen Krieges fielen
41
1623 außerdem die Oberpfalz und der rechtsrheinische Teil der Rheinpfalz an ihn. 1628 kam
42
das Land ob der Enns an den K. zurück, doch blieb der Anspruch auf den Pfandbesitz für den
43
Fall des Verlustes der Oberpfalz bestehen ( Ritter III S. 99, 189f., 374).
:|. Mais sur |:ce qu’ilz adjoustè-
11
rent qu’en cette affaire qui devoit passer en négotiation particulière et non
12
en celle de la paix généralle leur maistre ne s’en esloigneroit pas s’ilz
13
savoient estre appuyez de la faveur du Roy:| nous leur fismes souvenir que
14
le traitté des préliminaires monstre bien expressément que |:c’est icy où
15
l’on en doit traitter et que les intérests de leur maistre y seront par nous
16
considérez autant que la raison et la justice le comporteront sans nous
17
séparer de noz amis et alliez. Nous n’en pusmes pas tirer davantage et:| la
18
partie estant par eux remise à une autre fois |:nous verrons s’ilz reviendront
19
plus résolus. Ilz voulurent bien nous faire entendre que si l’on s’appercevoit
20
qu’ilz traittassent avec nous comme nous les y convions, on leur inputeroit
21
de voulloir faire les curateurs de l’Empire, nous leur levasmes ce scrupulle
22
en leur réitérant les

37
22 asseurances] nicht dechiffriert.
asseurances de la confiance et du silence.

23
Comme ces messieurs-là ont mesuré leurs pas aussy bien que leurs
24
parolles:| nous avons sujet de remarquer qu’ils ne sont |:revenues à nous
25
qu’après la nouvelle de la battaille de Tabor

44
Gemeint ist die Schlacht bei Jankau in der Nähe von Tabor.
et qu’ilz auront eu des advis de
26
leur maistre en suitte de ce succez que si monsieur le mareschal de Turenne
27
pouvoit estre assés à temps en estat pour seconder les armes de Suède
28
peut-estre le hasteroient-ilz davantage de parler clair:|.

29
Nous obmismes de vous mander il y a huit jours l’arrivée icy de monsieur
30
l’ambassadeur de Savoie et que non seulement il a receu de nous tout le
31
contentement qu’il s’en pouvoit promettre, mais que nous avons aussy
32
travaillé pour le luy faire avoir des autres comme de monsieur le nunce, de
33
l’évesque d’Osnabrug et des ambassadeurs de Bavières qui tous comme
34
nous envoièrent leurs carrosses au-devant de luy et luy font les visites
35
accoustumées.

[p. 219] [scan. 267]


1
Il n’y a que les Impériaux qui ne refusent pas, ils attendent seulement
2
responce sur ce qu’ils en ont escrit et si favorablement à leur dire qu’on ne
3
doit point douter qu’ils n’ayent la permission de faire comme nous autres.
4
Pour ce qui est de monsieur l’ambassadeur de Venize la compétence que
5
vous sçavés l’a retenu et les Espagnolz en sont demeurés sur leur honte
6
d’avoir fait en vain tous leurs efforts pour destruire ce que nous avons édifié
7
à la gloire d’une princesse que le sang et les Estatz rendent si conjointe à la
8
France. Ils ont pourtant envoié faire compliment à l’ambassadeur et au
9
discours de celuy qui a parlé de leur part on a eu quelque sujet de croire
10
qu’ils y viendront eux-mesmes dans quelque temps. Néantmoins la chose
11
paroist encore douteuse. La première visite que nous luy avons faitte ne
12
s’est passée qu’en complimens et asseurances générales de la protection de
13
Sa Majesté remettans à luy en faire voir des effetz dans la suitte des
14
intérestz qu’il aura à desmesler en cette assemblée.

15
Sy nous avions à nous |:plaindre de la retenue des ambassadeurs de
16
Bavières:| nous aurions bien plus de sujet de faire le |:mesme des ardentes
17
et continuelles instances dont nous surchargent tour à tour les ministres de
18
Portugal pour le traittement d’ambassadeurs qu’ilz prétendent que nous
19
leur facions et que nous leur procurions:|. Ils nous disent sans que nous
20
sachions avec quelle certitude que |:c’est l’intention de la cour:| mais nous
21
espérons que quand vous aurés veu les raisons portées par nostre despêche
22
du 11 e mars

43
nr. 55.
, vous aurez aussy de quoy parer à la batterie qu’ils vous vont
23
faire. Certainement nous sommes |:dans une véhémente appréhention
24
qu’ilz ne causent icy quelque désordre qui rompe l’assemblée, et c’est
25
peut-estre ce qu’ilz désirent estimans que la continuation de la guerre est
26
leur plus grande seureté:|. Les voilà qui veullent |:pontiller avec monsieur
27
l’ambassadeur de Savoye disans qu’ilz ne le visitteront point s’il ne les
28
traitte d’Excellence et prétendent d’ailleurs que:| l’exemple de ce que nous
29
avons ordre de faire |:pour ceux de Messieurs les Estatz leur doit servir:|
30
sans considérer que |:partout ailleurs qu’icy les ambassadeurs du roy de
31
Portugal sont reconnus et traittez esgallement par ceux de Sa Majesté qu’on
32
ne luy oste donc rien de sa dignité, au contraire on travaille à Rome pour la
33
faire reconoistre:| et que ce qu’on la tient |:icy à couvert n’est que pour
34
n’avoir pu estre introduict comme personnes publicques:|, qu’ils n’ont
35
point de |:sauf-conduict comme les autres et que ceux ausquelz ilz
36
prétendent que nous en fassions demander sont eux-mesmes sans pouvoir
37
d’agir en leur propre faict:|. Nous ozons vous représenter derechef Mon-
38
sieur qu’il importe extrêmement |:d’aller avec grande réserve sur ce qu’ilz
39
demandent hors de saison:|. Ilz ne doivent pas douter que nous ne fussions
40
disposés d’apporter tout ce que nous pourrons |:pour la splendeur de leur
41
maistre et que nous n’avons point de subject de rabattre leur ambition
42
particulière qui est à nostre opinion ce qui les rend plus actifz puisqu’il n’y

[p. 220] [scan. 268]


1
auroit rien à compéter entre nous dans le rang qu’ilz auroient et que nous
2
avons pour leurs personnes toute l’estime qu’ilz sauroient désirer comme:|
3
nous taschons de leur faire cognestre |:par toutes sortes de démonstrations
4
que le temps et le lieu peuvent compéter:|.

5
Nous finirons cette lettre par le mesme article de la vostre en vous rendant
6
grâces très humbles de la diligence qu’il vous a pleu d’apporter pour escrire
7
à monsieur le mareschal de Turenne sur la plainte qui nous avoit esté faitte
8
par monsieur le nunce, à qui nous l’avons fait entendre. Il nous desplaist
9
extrêmement de voir que ce soit si souvent à recommencer. Ledit sieur
10
nunce nous aiant derechef fait entendre celles de la chambre impériale de
11
Spire, laquelle se trouve réduitte en si mauvais estat par les charges,
12
contributions et violentes exactions qui se commettent sans doutte au
13
desceu dudit sieur mareschal qu’elle se void réduitte au point de tout
14
abandonner et se retirer de Spire. Ce qui seroit une action de haut esclat et
15
grand préjudice à la réputation des armes de Sa Majesté et de son authorité
16
propre engagée dans la validité de ses sauvegardes. Non seulement les
17
ennemis en feroient bruit, mais noz amis propres à qui cette chambre est
18
commune nous en parlent desjà avec sentiment et desplaisir extrême. Ce
19
sont les mesmes considérations que nous avons mises dans une lettre
20
particulière que ledit sieur nunce a désirée de nous et qui vous sera rendue
21
par monsieur son collègue. Nous vous supplions derechef très humblement
22
par celle-cy d’y vouloir procurer les remèdes convenables et …

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