Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
320. d’Avaux an Königin Anne Münster 1644 Dezember 9
Münster 1644 Dezember 9
Ausfertigung
fol. 340’: 1644 Dezember 22. Kopie: AE , CP Holl. 25 fol. 349’–363.
Bekanntwerden unserer Differenzen in der Öffentlichkeit durch das Verhalten Serviens. Ausein-
andersetzung anläßlich des Invitationsschreibens. Änderungen d’Avaux’ am Konzept Serviens für die
Proposition. Freilassung und Admission des Kurfürsten von Trier. Titulatur des Königs. Kritik der
Gegner am ersten Punkt der französischen Proposition.
J’espère que Vostre Majesté aura pris la patience d’ouïr la lecture de ce que
Monsieur Servien et moy avons escrit à Monsieur le Comte de Briennes
par les deux précédens ordinaires. Noz intérestz particuliers ne méritent pas
la moindre partie de vostre temps, mais le service du Roy y est meslé si
avant que je suis forcé, Madame, d’importuner encores Vostre Majesté de
cette relation. Je le fais aussy par respect et pour me sousmettre davantage
à tout ce qu’il plaira à Vostre Majesté de me commander après qu’elle aura
entendu les deux parties.
Je ne répéteray rien de ce que j’escrivis il y a huit jours à Monsieur de
Briennes . Je diray seulement que Monsieur Servien, non content de se
séparer de moy et de donner à cognestre icy cet esprit de désunion, il veut
encores le manifester à toute l’Allemagne. Si nous faisons une première
visite à Monsieur l’Evesque d’Osnaburg , quoyque son logis soit fort proche
du mien et qu’il seroit plus séant de revenir ensemble, Monsieur Servien me
laisse en présence dudit Prince et se faict accompagner à part jusqu’à son
carosse et s’en retourne chez luy. Il fait la mesme chose chez les Plénipoten-
tiaires d’Espagne, et quand ce ne seroit que pour sauver les apparences, il
auroit esté à propos de ne nous pas retirer séparément à la veue des ennemis,
comme si nous n’avions aucun intérest d’examiner ensemble ce qui s’estoit
passé en l’une et l’autre conférence. Mais c’est Monsieur Servien y trouve
son compte et croit se faire plus considérer par cette manière d’agir.
Pour aller chez l’Evesque d’Osnaburg, il me manda qu’il estimoit à propos
de nous faire accompagner des carosses des Portugais et Catalans parce que
cela se praticque à Rome. Je respondis que ne s’estant pas fait icy jusques à
présent, je le priois de juger si cette nouveauté ne seroit point invidieuse à
toute l’assemblée. Que les Impériaux, Espagnolz et nous aians chacun trois
carosses, l’on pourroit trouver à redire qu’au bout de neuf ou dix mois nous
voulussions prendre quelque avantage sur eux, et que cela desplairoit aux
Médiateurs mesmes qui n’ont tant de train. Qu’aians fait noz premières
visites à Monsieur le Nunce, au Comte de Nassau, à Monsieur de Saavedra
et à Monsieur Contarini avec six carosses, il me sembloit qu’ilz auroient
sujet de se formaliser si nous rendions plus d’honneur et apportions plus de
cérémonie à visiter un député des Electeurs. Tout cela ne put dissuader
Monsieur Servien. Il se fait suivre des carosses des Catalans et me dit en
cholère que si j’y trouvois à redire, il feroit sa visite à part. Madame, si
j’eusse creu tant soit peu mon sentiment en cette occasion, Monsieur Servien
me parla d’une hauteur que je n’aurois pas permis qu’il tranchast ainsy du
maistre. Il presume si fort de son crédit qu’il me fit taire en me déclarant
hardiment qu’il feroit bien avouer son action, quoyqu’à mon sens ce soit
une entreprise et que dans une diversité d’avis, mesmement où il s’agit de
faire une chose nouvelle, je crois que Vostre Majesté n’entend pas que je
doive tousjours plier. Je le fis néantmoins, Madame, pour esviter le scandale
que Monsieur Servien vouloit faire. Nous avions demandé audience con-
jointement , nous estions prestz à partir, c’eust esté un grand esclat si à la
veue d’un chacun nous nous fussions diviséz en deux bandes. Nous y allas-
mes donc ensemble moiennant ma sousmission à une nouveauté non con-
certée , mais au retour Monsieur Servien se voulut distinguer comme dit
est et marcher avec quatre carosses. Je luy laisse volontiers telles satisfactions.
Je dis seulement que sa conduitte est icy fort remarquée et qu’elle est toute
particulière, car ny les Plénipotentiaires de l’Empereur ny ceux d’Espagne
ny ceux de Suède ny les Médiateurs mesme ne vivent pas ainsy entre eux.
Lorsque l’Evesque d’Osnaburg nous a voulu rendre la visite, il nous a fait
demander heure pour nous voir, mais Monsieur Servien fit response qu’il
entendoit estre visité à part et en parla avec tant d’émotion au gentilhomme
dudit Sieur Evesque qu’il en a esté bien discouru par la ville.
Desjà une autre fois il avoit parlé du mesme ton à un gentilhomme |:que
l’Eslecteur de Brandebourg:| avoit envoyé icy pour me communiquer une
affaire d’importance. J’en donnay avis aussytost à Monsieur Servien et obli-
geay ce député de l’en informer avec autant de confiance que moy mesme.
Le député passa outre par mon conseil et s’exucsa sur l’ancienne cognois-
sance qui avoit porté son maistre à s’adresser à moy, mais qu’il recevroit
bientost une lettre de créance pour luy semblable à celle qu’il m’avoit rendue
|:de la part dudit Eslecteur:|. Monsieur Servien ne se paia point de cette
excuse du passé ny de cette promesse pour l’avenir ny de la communication
présente que luy donnoit le député touchant le sujet de son voiage. Il se mit
à exagérer sa dignité et à dire avec chaleur qu’en l’ambassade de France il
n’y a nulle subordination d’un Plénipotentiaire à l’autre, qu’il n’est pas un
docteur comme le Sieur Wolmar ou comme le Sieur Brun, et en cet endroit
il n’espargna pas mesme Monsieur Salvius. Je suis dit il le comte de Servien,
il faut que vostre maistre le sçache, et enfin traitta ce gentilhomme de sorte
qu’il en demeura fort mal content et a fait depuis un second voiage en cette
ville sans vouloir revoir Monsieur Servien.
Tant y a que Monsieur l’Evesque d’Osnaburg, pensant trouver les Pléni-
potentiaires de France ensemble comme il avoit trouvé ceux de l’Empereur,
a esté obligé de rendre deux visites pour une qu’il avoit receue.
Les Espagnolz qui ne sont pas si commodes y ont faict difficulté, et si j’avois
eu tant soit peu cet esprit de jalousie dont Monsieur Servien est tout obsédé,
je l’aurois laissé tomber dans une confusion qu’il s’estoit préparée luy mesme
et de laquelle il s’est veu bien proche. Voicy comme la chose s’est passée:
Quand nous sceusmes que les Plénipotentiaires d’Espagne avoient pris le
dueil et qu’ilz avoient esté visitéz de Monsieur le Nunce et des Impériaux,
je demanday à Monsieur Servien quand il vouloit que nous y allassions.
Il me tesmoigna que la chose ne pressoit pas. Au bout de 24 heures j’envoie
chez luy pour le mesme dessein; il respond qu’il avoit à faire quelques visites
particulières. Je crois qu’il méditoit dèz lors comment il se pourroit séparer
de moy en cette cérémonie, mais il ne s’en ouvrit pas. Cependant les Espa-
gnolz ne sçachans à quoy il tenoit que nous ne leur fissions nostre compli-
ment , nous envoièrent dire à tous deux avec de belles paroles et un beau
prétexte que nous serions les très bien venus. Monsieur Servien trouva cela
de fort mauvaise grâce, mais il me semble que nous n’avions pas moins
péché contre la bienséance d’estre quatre jours après les autres sans y aller
et sans leur faire rien sçavoir de nostre part. Enfin donc Monsieur Servien
demeura d’accord de leur envoyer demander heure, il en donna luy mesme
l’ordre et le mesme jour après midy il me vint prendre pour y aller. Ces
Messieurs nous receurent comme de coustume, l’entretien fut de deux
bonnes heures non sans y mesler quelques affaires. Et au sortir, quoyque
nous fussions à trois pas de mon logis, Monsieur Servien me dit adieu de
la mesme fasson qu’à eux et chacun s’en alla de son costé. Le lendemain ilz
allèrent chez Monsieur le Nunce et de là chez les Impériaux, et le second
jour ilz envoyèrent sçavoir s’ilz nous pourroient voir. Je tesmoignay à celuy
qui me parloit que je serois prest à toute heure et que j’estimois qu’il pren-
droit la peine de s’enquérir aussy de la commodité de Monsieur Servien.
Il va chez luy pour le sçavoir, mais Monsieur Servien luy respond qu’il ne
peut recevoir la visite des Espagnolz ailleurs qu’en sa maison, puisque
c’estoit une visite de cérémonie et que quand il s’agiroit d’affaires, il ne feroit
pas difficulté de se trouver avec moy. Ilz renvoient une seconde fois le prier
qu’ilz nous trouvassent ensemble, veu mesme que la visite ne se passeroit
pas sans parler d’affaires. Monsieur Servien persiste à ne vouloir pas venir.
Sur cela Monsieur de Saavedra et Monsieur Brun me visitent, et incontinent
après les premiers complimens ilz se jettent sur cette matière, disant que c’est
une nouveauté que Monsieur Servien veut introduire non seulement contre
l’usage de cette assemblée mais contre celuy de toute l’Allemagne. Qu’ilz
avoient esté députéz du Roy d’Espagne à la diète de Ratisbonne et puis
encores Monsieur Brun à celle de Francfort. Qu’en l’une les Ambassadeurs
du Roy de Dannemarch, les députéz du Roy d’Espagne, ceux des Electeurs,
et en l’autre ceux de l’Empereur, du Roy Catholique et des plus grands
Princes d’Allemagne ont tousjours faict et receu les visites de quelque nature
qu’elles fussent en la maison de celuy qui tenoit la première place. Je leur
remonstray que l’usage de Rome estoit différent, mais ilz persistèrent à dire
qu’il ne seroit pas raisonnable qu’aians esté visitez en corps, on les voulust
obliger de rendre la visite autrement qu’ilz l’avoient receue. Qu’ilz ne
devoient pas davantage aux Plénipotentiaires de France qu’à ceux de l’ Em-
pereur ausquelz ilz n’avoient fait qu’une visite. Que cela estoit bien estrange
que Monsieur Servien se voulust distinguer de tous les autres Plénipoten-
tiaires des Couronnes qui ont la mesme place que luy en cette assemblée et
en celle d’Osnaburg. Qu’il auroit donc fallu visiter Monsieur Brun en suitte
de Monsieur Saavedra pour former aujourd’huy une telle prétention. Je pris
là dessus occasion de leur remonstrer que dèz nostre arrivée en cette ville,
nous nous offrismes à visiter aussy Monsieur Zapata et Monsieur Brun et
que cella ne fut pas accepté. Mais Saavedra repartit qu’en cette occasion ilz
ne pouvoient pas donner contentement à Monsieur Servien et adjousta
beaucoup de choses à ce qu’il avoit desjà dit.
En mesme temps, Monsieur Servien va chez Monsieur le Nunce et chez
Monsieur l’Ambassadeur de Venise leur demander secours. Je n’ay pas veu
depuis Monsieur le Nunce, mais Monsieur Contarini m’a dit que Monsieur
Servien avoit bien pu remarquer par son silence qu’il n’approuvoit pas sa
prétention, qu’à Rome elle seroit recevable, mais qu’icy il y a dix huit mois
qu’on vit d’une autre sorte, et que luy mesme, Monsieur Servien, aiant esté
visité à son arrivée par les Plénipotentiaires de l’Empereur et par ceux
d’Espagne, il n’avoit rendu ny offert de rendre les visites que chez le Comte
de Nassau et chez Saavedra. Cependant, Monsieur Servien déclare audit
Sieur Contarini que si l’on ne donnoit ordre qu’il ne receust pas cet affront,
il sçavoit bien le moyen de s’en ressentir et adjousta des menaces.
Le lendemain qui fut hier, Monsieur Servien envoya dix fois un des siens à
Monsieur Saavedra et autant à moy avec des exploitz et protestations en
parlant à ma personne et escrivant une lettre à Monsieur de Saint Romain
qui ne l’ouvrit pas et se contenta d’aller aussytost recevoir ses commande-
mentz . Il vouloit que j’allasse avec luy visiter Monsieur Brun affin qu’ en-
suitte il receust l’honneur qu’il avoit tant affecté, mais il faisoit monstre de
l’intérest de la dignité du Roy qu’il disoit blessée en sa personne. Je respondis
qu’encores que cette visite fust hors de saison, puisque nous avions demandé
à voir les Plénipotentiaires d’Espagne et que nous les avions veus, néant-
moins pour le tirer de peine, je luy ferois compagnie quand il voudroit aller
visiter Monsieur Brun, ne doutant point que ledit Sieur Brun ne se lairroit
pas vaincre de civilité. Monsieur Servien qui ne cherchoit qu’à sortir d’ affai-
res ne goustoit pas mes raisons et prétendoit que c’estoit assez que Monsieur
Brun luy rendist la visite que nous aurions faitte ensemble audit Sieur Brun.
Cella m’obligea de luy faire représenter – car nous n’agissons que par
députéz – que si la dignité du service du Roy estoit intéressée en sa personne,
elle ne l’estoit pas moins en la mienne, et que s’il importe à Sa Majesté que
Monsieur Servien ayant fait une visite conjointement avec moy ne la reçoive
pas de la mesme sorte, j’estimois qu’il importoit encores davantage que les
deux Plénipotentiaires de France fissent une visite à l’un des Plénipotentiaires
d’Espagne qui ne la rendit qu’à Monsieur Servien.
Enfin après une longue négotiation en laquelle les Espagnolz voyoient que
nous avions divers intérestz Monsieur Servien et moy, qui est une chose
dont j’ay honte, ilz se sont umpeu accommodéz eux mesmes à nostre infir-
meté . J’accompagnay hier au soir Monsieur Servien chez Monsieur Brun.
Ce matin, ledit Sieur Brun m’a rendu la visite et à présent Monsieur
Saavedra et luy sont chez Monsieur Servien. Ce n’est pas pourtant sans
murmurer de cette nouveauté, et Messieurs les Médiateurs en font autant.
Ilz disent que cela change l’ordre qu’on avoit pris et qu’il leur faudra mainte-
nant visiter de fois à autre Monsieur Wolmar et Monsieur Brun. Car quelque
soin que prenne Monsieur Servien de se donner un rang à part, il n’en
viendra pas à bout.
Or, entre les significations qu’il me fit faire hier par le Sieur Du Ponseau ,
il me manda que j’eusse à me souvenir qu’il m’avoit proposé de rendre cet
office de condoléance à Monsieur Saavedra et à Monsieur Brun séparément.
J’interrompis sur le champ ledit Sieur Du Ponseau et luy fis recognestre
qu’il ne m’en avoit parlé que le lendemain de la visite que nous avions faitte
ensemble à l’un et à l’autre, après que l’on avoit demandé par nostre ordre
à quelle heure nous pourrions voir Messieurs les Plénipotentiaires d’Espagne.
Et en effet, je luy respondis alors qu’il n’est plus guères à propos d’aller
chez ledict Sieur Brun puisque nous avions satisfaict à ce devoir, mais que
néantmoins j’y penserois davantage. Depuis cella je n’en ay plus ouÿ parler,
et quoyque ledit Sieur Du Ponseau soit l’affidé de Monsieur Servien et
celuy qui m’interprètte ses volontéz, il est si homme d’honneur que je veus
bien l’en croire.
Il me déclara aussy de la part de Monsieur Servien que si je ne voulois me
joindre à luy pour empescher que mon collègue ne receust un affront, il iroit
seul chez Monsieur Brun. J’en demeuray d’accord, mais non pas Monsieur
Brun. Il ne voulut point accepter la visite de Monsieur Servien pour une
obligation à l’aller revoir avec Monsieur Saavedra si je n’estois de la partie.
Alors voyant qu’il ne restoit autre moyen de tirer Monsieur Servien de ce
mauvais passage, quoyqu’il s’y fust jetté volontairement et sans m’avoir rien
communiqué de son dessein, je le servis en cette action de cérémonie. Il m’en
a tesmoigné de sa grâce aucun agrément et reçoit les défférences que je luy
rendz comme si tout luy estoit deu.
Il y a deux mois qu’il nous accoustume à tenir les assemblées chez luy. Il a
quelques fois receu Messieurs les Médiateurs en robe de chambre pour tes-
moigner quelque indisposition, mais c’est la seule marque qu’ilz en ont eue
et ilz le sçavent bien dire. Cella leur despleut particulièrement mardy der-
nier . Monsieur le Nunce estoit chez Monsieur Contarini, lequel loge comme
moy en la place du dôme. Ilz m’envoyèrent prier qu’ilz nous peussent voir
Monsieur Servien et moy, parce que le jour suivant ilz seroient occupéz à
escrire en Italie.
Je respondz que j’en feray avertir Monsieur Servien et que je me tiendray
prest. Au mesme moment j’envoye chez luy. Il hésite sur la proposition
des Médiateurs, dit qu’il se trouve umpeu mal et que je les puis recevoir et
entendre seul. Mais sçachant comme il m’en avoit pris une autre fois qu’il
m’avoit donné la mesme faculté, j’avois chargé mon homme de luy offrir
que s’il luy plaisoit je me trouverois chez luy. Il l’accepte. Sur cela j’envoie
promptement le mesme homme à Messieurs les Médiateurs pour les prier
de trouver bon que l’assemblée se fist chez Monsieur Servien. Quand il leur
en dit la raison et que Monsieur Servien se plaignoit d’un mal d’espaule,
Monsieur le Nunce et Monsieur Contarini se regardèrent l’un l’autre en
sousriant, et à la vérité, c’estoit chose umpeu malséante envers ces Messieurs
qui estoient si proches de mon logis de les faire aller à un autre quartier de
la ville sans nécessité, car ilz trouvèrent Monsieur Servien en fort bonne
santé, et ce ne fut pas sans luy donner de petites attaques sur ce prétendu
mal d’espaule. En effet, il n’estoit pas malade le lendemain qu’il alla visiter
séparément ledit Sieur Nunce et ledit Sieur Contarini jusques à huit heures
du soir pour ses affaires particulières.
Le Sieur Allard son secrétaire et Monsieur de Saint Romain furent tesmoins
l’autre jour des prières et civilitéz que je luy fis à plusieurs reprises pour le
convier à ne retarder pas davantage l’envoy de nostre lettre circulaire, veu
mesmes que ledit Sieur de Saint Romain nous avoit proposé un expédient
par le moyen duquel le service du Roy seroit faict sans que mon avis pré-
valust ny celuy de Monsieur Servien. Je luy représentay combien de fois
j’avois acquiessé à ses sentimens: Et lorsqu’il a voulu rayer le nom du Pape
de nostre plainpouvoir quoyqu’il soit datté de 1643; et lorsqu’il a insisté à
marquer pour un déffaut du pouvoir de noz parties qu’ilz n’y estoient pas
qualifiéz Ambassadeurs; et lorsqu’il a voulu insérer dans nostre déclaration
qu’à faute de ce, nous ne leur donnerions plus le titre d’Excellence ny la
main chez nous parce qu’il iroit de la dignité du Roy; et lorsqu’après avoir
avancé cette maxime et m’avoir promis pour m’y faire consentir que si nous
ne pouvions leur faire donner la qualité d’Ambassadeurs nous nous conten-
terions de celle qu’ilz ont de Plénipotentiaires, affin d’éviter le préjudice que
la France recevroit si des Ambassadeurs du Roy traittoient à l’esgal avec des
commissaires de l’Empereur et du Roy d’Espagne, il a néantmoins voulu
au préjudice de la promesse qu’il m’avoit faitte et de son propre raisonne-
ment retenir la qualité d’Ambassadeur dans la minute du nouveau pouvoir
que nous avons mise entre les mains des Médiateurs; et lorsqu’il a rebuté la
convention qui portoit en teste “les Majestéz de l’Empereur et des deux
Roys” et qu’il m’en a faict signer une autre qui n’est pas en meilleure forme;
et lorsqu’en escrivant aux députéz de Messieurs les Estatz en Ostfrise qui
estoyent quatre des principaux de leur corps, il refusa de signer la lettre que
je luy envoyay par mon secrétaire d’autant que je leur avois laissé la ligne,
et la fit rescrire pour y mettre deux motz à la première ligne, ce qui a si mal
succédé que lesditz députéz nous l’ont rendu tout net; et lorsqu’il m’a faict
joindre à son ressentiment pour nous en plaindre à la Cour, quoyque pour
ce regard je trouvasse peu de sujet de plainte, d’autant qu’à mon avis ces
Messieurs estans du nombre de ceux qui gouvernent l’Estat des Provinces
Unies n’ont aucune dépendance de Monsieur Servien ny de moy, et qu’il n’y
a que les Résidens et autres de ce rang avec qui nous puissions user de cette
marque de supériorité; et qu’ainsy ne soit, nous escrivismes par le mesme
messager au Comte d’Eberstein et luy laissasmes la ligne entière comme
nous avions accoustumé, quoyqu’il fist place de bien loin auxditz députéz.
Je remonstray cela à Monsieur Servien lorsqu’il voulust mettre une telle
différence entre les deux lettres et le priay de considérer que ledit comte
pourroit bien leur faire voir la sienne, mais il m’a fallu céder par deux fois,
faire la faute avec Monsieur Servien et la déffendre encore avce luy.
Je luy disois donc qu’après l’avoir laissé vaincre en tant d’occasions où
j’estois d’opinion toute contraire à la sienne, je le suppliois qu’en celle cy il
se contentast seulement de n’estre pas le maistre et que nous n’en fussions
creus ny luy ny moy. Que c’estoit assés que j’avois réformé des lettres selon
le tempérament proposé par Monsieur de Saint Romain et en avoir osté les
termes que Monsieur Servien désapprouve comme il paroist par les copies
cy jointes. Je ne pus obtenir autre chose sinon qu’enfin il signa la lettre
adressante au Cercle de Franconie et une autre particulière pour Monsieur
l’Electeur de Couloigne, mais quand à celle qui devoit estre envoyée à tous
les autres Princes et Estatz de l’Empire, quelque nécessité qu’il y ayt de
l’expédier et quelques remonstrances que ledit Sieur de Saint Romain en
ayt faittes toute cette semaine à Monsieur Servien, il ne l’a jamais voulu
signer. Il ne s’est pas mesme amolli lorsqu’à son instante poursuitte je l’ay
secondé en la nouvelle prétention où il s’estoit engagé avec les Plénipoten-
tiaires d’Espagne sans m’en avoir consulté.
Il me proposa chez luy un expédient qui me parut fort estrange, et depuis
il y a tousjours insisté quelque inconvénient qui s’y rencontre. Il veut que
nous escrivions chacun à part à chaque Prince et ville de l’Empire, et
qu’ainsy il escrira à sa mode et moy à la mienne. J’ay faict mon possible
pour le destourner de cette pensée que je tiens si préjudiciable au service du
Roy et qui feroit certainement tant de scandale que je m’estonne comment
elle luy est venue dans l’esprit. Avec quelles persuasions pourrions nous
convier les Princes de l’Empire de venir ou envoyer soubz la protection
d’une Couronne dont les ministres sont désunis entre eux, et pourquoy
publier nous mesmes cette désunion par tous les lieux où nous devrions au
moins prendre grand soin de la tenir cachée.
Si l’on adj ouste à cella que Monsieur Servien ne veut plus concerter les
despêches pour la Cour ny les faire en commun comme il avoit de coustume,
qu’il affecte de se retirer de moy dans les visites que nous faisons, qu’il
introduit des nouveautéz en cette assemblée pour signaler l’égalité que je
ne luy dispute pas, qu’il va disant partout sa dignité et son authorité, que
pour oster l’opinion qu’on pourroit avoir de quelque prérogative en la
personne de celuy qui tient la première place il donne à cognestre à noz
Médiateurs et à noz parties qu’il me fait passer par ses avis, nous fait
assembler chez luy soubz divers prétextes, s’est rendu maistre de la plume
et des despêches depuis un an entier, et qu’au moment qu’il luy tourne à
compte d’en uzer autrement il cesse d’escrire en commun et me veut obliger
de prendre ses restes, affin que Monsieur Brasset ne reçoive pas la plume de
ses mains ny de celles mesmes de son secrétaire duquel j’ay consenty que
nous [nous] servissions en attendant ledict Sieur Brasset; si l’on considère
dis je cette conduitte et que mesme il fait instance à ce qu’il puisse escrire
de son chef et faire une lettre particulière aux Princes de l’Empire, l’on verra
bien clairement que peu à peu il veut former un schysme et qu’il luy est
impossible de se contenir en la seconde place.
Je n’ozerois, Madame, rendre compte des affaires à Vostre Majesté, tant
pour ne rien contribuer de ma part à la séparation que Monsieur Servien
essaye d’establir, que pour n’avoir pas en main les despêches auxquelles il
eschet de respondre. Il garda celles de la semaine passée jusques après le
partement de l’ordinaire, et je n’ay pu encores retirer celles que nous avons
receues cette semaine. Je diray seulement à Vostre Majesté que la proposition
que nous avons faitte touchant la paix
Druck: Nég. secr. I S. 318; Meiern I S. 320f.
sions travaillé avec umpeu de loisir. Mais après avoir employé toute la
semaine en diverses contentions, Monsieur Servien s’avisa dimanche à dix
heures du matin de m’en communiquer un projet. J’y trouvay plusieurs
choses à désirer et l’en fis aizément tomber d’accord. Il l’avoit fondée sur
nostre avis, et je dis qu’il seroit plus honneste de la fonder sur les bonnes
intentions du Roy. Il avoit mis que la présence des Princes de l’Empire est
nécessaire à Munster affin que leurs intérestz particuliers puissent estre
desmesléz avec ceux du public, et je remonstray que ce seroit une entreprise
qui iroit à l’infini si nous pensions vuider icy tous les différens particuliers
qui sont dans l’Allemagne, et que mesme cette intention ou proposition
donneroit suject de dire que nous ne voulons point de paix. En un autre
endroict nous nous accusions nous mesmes du retardement qu’il y a eu
jusques icy; Monsieur Servien n’y avoit pas pris garde et par son avis mesme
cela fut changé. Je luy dis aussy que demander maintenant le restablissement
de Monsieur l’Electeur de Trèves en la possession de tous ses Estatz, c’estoit
offrir tacitement de rendre Philisbourg, et c’est pourquoy je fus d’avis
d’adjouster le dernier article qui restraint cette demande à ce que ledict
Electeur soit mis en liberté
Vgl. dazu Servien in [ nr. 321 S. 745. ]
termes plus précis et avec un tesmoignage plus énergique de la protection
du Roy que les ennemis ne voudroient ny mesme noz alliéz, parce qu’ilz
désireront tousjours que nous soyons faciles en toutes les choses où ilz
n’ont point d’intérest. Mais premièrement Monsieur Servien le leut plusieurs
fois et l’approuva, d’autant que nous considérasmes que cette première pro-
position ne nous lie pas en sorte que nous ne nous en puissions despartir,
et s’il falloit que les Impériaux et Espagnolz ne se relaschassent point de ce
qu’ilz ont proposé, la paix ne se feroit jamais. Ce sont choses à mettre en
négotiation de part et d’autre comme desjà Messieurs les Médiateurs s’en
sont entremis.
D’ailleurs nostre instruction nous ordonne de parler hautement et avant
toutes choses de ce qui touche ledit Electeur.
En troisième lieu cette demande est fondée sur le traitté préliminaire et ne
doit pas estre remise à la négotiation de la paix. Il est dit par ce traitté que
l’Empereur donnera un passeport à tous les Princes et Estatz de l’Empire
alliéz ou adhérens de la France pour venir eux mesmes ou envoyer leurs
députéz en cette ville. Il faut donc qu’il soit au pouvoir de Monsieur
l’Electeur de Trèves d’y venir en personne si bon luy semble, car le passe-
port est général et n’excepte aucuns des alliéz de Sa Majesté. Les Pléni-
potentiaires d’Espagne me soustenoient l’autre jour que nous y avons des-
rogé en ce que nous avons depuis demandé un saufconduit particulier pour
les députéz de ce Prince, mais je leur fis voir sur le champ qu’ils sont tous
deux de mesme datte et stipulez par le mesme traitté. Et ensuitte j’adressay
ma parolle à Monsieur Brun, disant que luy qui est jurisconsulte sçait bien
qu’en tous contractz la spécialité ne desroge point à la généralité ny au
contraire, tant y a que je leur fis cognestre que nous n’avons point faict
cette demande comme voulans donner la loy ainsy que les Impériaux et eux
l’expliquoyent, mais seulement prétendans l’exécution d’une chose jugée et
d’un traitté ratiffié par l’Empereur et par le Roy d’Espagne.
4. Parce que l’Electeur de Trèves n’est point prisonnier de guerre, qu’il n’a
faict aucune hostilité contre l’Empereur ny contre l’Empire, qu’il n’a esté
trouvé ny pris en aucune expédition de guerre mais dans sa propre maison
et que pour avoir recherché une neutralité et assistance de la France lorsque
l’Empereur ne le pouvoit secourir, on ne peut pas le traitter en ennemy.
5. Ces raisons sont si pertinantes que les Impériaux et Espagnolz ont allé-
gué
Zur Reaktion der Kaiserlichen und der Spanier auf die französische Proposition vgl. Meiern I
S. 321–335 . Vgl. auch den Bericht Serviens in [ nr. 321. ]
l’Empereur mais du Pape, et qu’il est entre les mains du Nunce qui est à
Vienne. Sur quoy j’ay respondu de telle sorte que Monsieur le Nunce et
Monsieur Contarini ont tesmoigné qu’ilz ne sçavoient pas cela, et noz parties
ont fait semblant de l’ignorer, mais j’espère de le vériffier bientost par escrit.
C’est qu’à l’instance du Pape l’Archevesque de Trèves fut eslargi et mis en
la garde du Nunce de Sa Sainteté, quoyqu’en effet ce soient tousjours les
soldatz de l’Empereur qui le gardent sous le nom et les ordres dudit Sieur
Nunce. Et de plus le Pape ayant tousjours maintenu qu’il estoit le seul juge
compétant en cette cause, il a donné sentence en l’année 1639, par laquelle
il déclare que les ministres de l’Empereur ne luy ayans rien fait entendre ny
apporté aucune preuve depuis six ou sept ans pour justiffier la détention
dudit Sieur Archevesque, Sa Sainteté l’a mis en liberté. En exécution duquel
jugement Monsieur le Cardinal Mathei
receust ordre exprès de faire délivrer ledit Sieur Electeur. Tellement que
voilà les ennemis convaincus sur le prétexte qu’ilz ont voulu prendre de
l’authorité du Pape, et s’il plaisoit à Vostre Majesté de faire presser à Rome
l’exécution de l’ordre susdit comme d’un point très important à la négotia-
tion de la paix, cela joint à nostre proposition pourroit faciliter la liberté de
Monsieur l’Electeur de Trèves, qui seroit une chose glorieuse et utile à Sa
Majesté. Car si ce Prince peut venir icy estant parfaittement instruit comme
il est de toutes les constitutions de l’Empire et ayant obligation de ce bien-
fait à la France, il nous ayderoit merveilleusement à faire réussir les bonnes
intentions du Roy pour la liberté germanique.
Vostre Majesté remarquera s’il luy plaist dans les propositions de noz parties
que l’une commence par ces motz “Augustissimus Imperator” et l’autre
“El Rey nuestro Señor”. Ce qui faict voir que la première fois que nous
nommons le Roy en traittant avec les estrangers nous ne pouvons mieux
dire que “Rex Christianissimus”, et ainsy il a esté observé de temps immé-
morial , sans que jamais on ayt employé ces termes “Sacra Regia Maiestas”
dont Monsieur Servien veut que nous usions à l’exemple des Suédois et
Danois. Mais encores les Plénipotentiaires de Suède en la dernière lettre
circulaire qu’ilz ont escritte depuis trois jours aux Estatz de l’Empire, ilz se
sont contentés de dire “Serenissima Regina nostra” comme il apert par la
copie cy jointe. Ce n’est pas, Madame, que dans la nostre je n’aye donné
de la Majesté au Roy et que je n’en donne tousjours suivant l’ordre que
nous en avons receu. Mais je croy véritablement qu’il est plus honorable
de n’y rien adjouster et de considérer plustost ce que font les ministres du
Roy d’Espagne que ceux du Roy de Dannemarch. J’ay plusieurs harangues
et propositions qui ont esté faittes aux dièttes de l’Empire par les députéz
du Cercle de Bourgoigne. Elles disent toutes “Rex Catholicus” et ensuitte
“Regia Maiestas Catholica”. Et quand les Espagnolz ou nous parleroient
autrement, il n’en reviendroit aucun avantage à noz maistres. C’est umpeu
de bonne opinion de soy mesmes qui faict croire à Monsieur Servien que la
dignité et grandeur du Roy seroit accreue par les titres qu’il donneroit à Sa
Majesté. Il y a cent ans que les Suédois et Danois répètent à chaque période
“Sacra Regia Maiestas Dominus noster Clementissimus”, sans que pour
cela le moindre Prince d’Allemagne donne autre titre à leurs Roys que de
Dignité Royalle. Et au contraire, beaucoup d’Electeurs et de grandz Princes
de l’Empire et mesmes les Roys de Pouloigne traittent noz Roys de Majesté,
quoyque les Ambassadeurs et ministres de France n’ayent jamais parlé de
leurs maistres qu’en ces termes qui ont tousjours esté estiméz très honorables:
“Christianissimus Rex”.
Le premier article de nostre proposition est encores plus contesté que celuy
dont il a esté parlé cy dessus. Noz parties ont comme persuadé Messieurs
les Médiateurs que ce que nous prétendons est inutile et n’est pas mesme
pratiquable. Monsieur Wolmar est celuy qui a faict le plus d’impression sur
leurs espritz, ilz le louent d’avoir parlé sur ce sujet avec fondement et avec
grande cognoissance des affaires d’Allemagne. Ce que j’ay peu comprendre
de leur raport est que nous pouvions bien appeller ceux qui ont suivy nostre
party, mais que de demander la présence de tous les Princes et Estatz de
l’Empire, c’est chose qui ne se pourroit pas faire de six mois. Que quand
ilz y viendroient tous ou enverroient leurs députéz ilz n’y auroient aucune
authorité, d’autant que ce n’est pas icy une diète impériale et que pour en
former une, il faut que l’Empereur l’ordonne et que l’Electeur de Mayence
en fasse la convocation. Qu’ainsy n’ayans aucune séance en cette assemblée
ny aucun pouvoir de rien résoudre, ilz nous empescheroient plustost par
leur nombre et par la desduction de leurs intérestz particuliers que de servir
à l’avancement de la paix ny à la seureté d’icelle.
Les Plénipotentiaires d’Espagne m’ont tenu à peu près le mesme discours
quand ilz m’ont visité, mais voicy ce que j’ay respondu aux uns et aux autres:
Que l’essence des loix de l’Empire et tout ce qui peut produire une obligation
mutuelle entre l’Empereur et les Estatz ne dépend pas de la convocation
d’une diètte, mais du consentement de Sa Majesté Impérialle et desditz
Estatz de l’Empire. Que c’est à l’Empereur à commander et dénoncer les
diètes généralles et à l’Electeur de Mayence d’assembler les députés; il peut
mesme convocquer les Cercles de l’Empire pour les affaires de la guerre,
mais cette convocation n’est qu’une formalité qui n’est pas tousjours néces-
saire pour authoriser les Princes de l’Empire à consulter ensemble du salut
de la République. Il ne faut pour cella que leur consentement avec celuy de
l’Empereur. Et en quelque lieu ou en quelque sorte, soit par lettres, soit par
députez, que ce consentement intervienne, l’affaire est faitte légitimement.
Que les Protestans furent convocqués à Leipsic en 1631 par l’Electeur de
Saxe, quoyqu’il n’ayt aucun droit particulier de faire cette convocation. Que
trois ans après, les mesmes Protestans et Monsieur le Chancelier Oxenstiern
s’assemblèrent à Francfort sur le Mein sans estre convocqués par personne.
Que les Princes catholiques en ont usé de la mesme sorte, aians tenu des
diètes à Heidelberg et ailleurs sans y apporter toutes les formalités cy dessus
touchées. Qu’au reste, le droit d’assembler n’appartient pas aux seulz Em-
pereurs et Electeurs de Mayence, que les directeurs de tous les Cercles de
l’Empire ont droit aussy de convoquer les Princes et Estatz de chaque Cercle
et de délibérer des affaires publiques. Que cella s’est praticqué en cette
occasion en laquelle le Cercle de Franconie a résolu de députer aux assem-
blées de Munster et d’Osnabrug et a convié les Cercles du Suaube [!] et du
Rhin d’en faire autant. Si cet exemple est suivy, tout l’Empire se trouvera
icy assemblé légitimement, et en cette fasson il sera bien aisé d’avoir le
consentement de tous les Estatz pour les choses qui s’y résoudront. Qu’enfin
la convocation soit de l’Empereur soit de Mayence soit des directeurs de
chaque Cercle sont [!] des moyens et des circonstances bien propres pour
faire que tous les Princes et Estatz de l’Empire puissent plus facilement et
plus commodément se trouver ensemble en mesme lieu et en mesme temps,
mais que l’Empereur et lesditz Estatz en quelque fasson qu’ilz soyent
assemblés peuvent transiger et ordonner de l’administration de l’Empire,
et que leur seul consentement faict les loix et les constitutions publiques.
Je n’ay pas veu qu’on m’ayt bien satisfaict là dessus, et mesmes Monsieur
Contarini m’a tesmoigné qu’il s’en vouloit instruire davantage pour se
résoudre entre l’avis de Monsieur Wolmar et le mien. Il a peine à comprendre
qu’il nous puisse arriver quelque bien d’une si grande assemblée qui seroit
composée des ennemis de la France autant que de ses amis. Mais il semble
que c’est le seul moyen d’asseurer la paix et de contenir au moins dans
quelques bornes la trop grande puissance de l’Empereur.
2 fol. 352: d’ Avaux und Servien an den Kurfürsten von Köln, Münster 1644 Dezember 4, Kopie.
4 fol. 341: Oxenstierna und Salvius an die Frankfurter Deputation, Osnabrück 1644 Novem-
ber 29/Dezember 9, Kopie
Druck: Nég. secr. I S. 308; Gärtner III S. 741f.; Meiern I S. 316f.
5 fol. 346–346’: Französische Proposition, Münster 1644 Dezember 4, Kopie
Druck: Nég. secr. I S. 318; Meiern I S. 320f.
6 fol. 344–344’: Kaiserliche Proposition, Münster 1644 Dezember 4, Kopie
Druck: Nég. secr. I S. 321; Meiern I S. 317f.
7 fol. 348–349: Spanische Proposition, Münster 1644 Dezember 4, Kopie
Druck: Meiern I S. 318f. ; Nég. secr. I S. 318f., französische Übersetzung.