Acta Pacis Westphlicae II B 1 : Die französischen Korrespondenzen, Band 1: 1644 / Ursula Irsigler unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy
65. d’Avaux und Servien an Brienne Münster 1644 April 23

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d’Avaux und Servien an Brienne


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Münster 1644 April 23

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Ausfertigung: AE , CP All. 32 fol. 134–141 = Druckvorlage; Eingang nach Dorsal fol. 141’:
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1644 Mai 3, nach nr. 86: 1644 Mai 4. Konzept [ des 1. Servien-Kopisten ]: AE , CP All. 26
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fol. 494–499, ohne PS. Kopien: AE , CP All. 37 fol. 66–72, vermutlich Beilage zu nr. 67;
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AE , CP All. 26 fol. 461–467, ohne PS. Druck: Nég. secr. II, 1 S. 27–29; Gärtner II
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S. 730–739.

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Zu nr. 30. Kurialien für Contarini und deren Folgen. Visite Contarinis bei Servien. Bitte um exakte
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Weisung betreffend die Kurialien für die Gesandten der Generalstaaten und von Savoyen. Auswir-
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kung der französisch-niederländischen Verträge. Schreiben an Ottaviani. Mitteilung von der Über-
19
nahme der polnischen Taufpatenschaft an die Schweden. Bedenken gegen die spanische Vollmacht.
20
Verzögerung der Abreise La Thuilleries. Differenzen besonders mit Oxenstierna über den Ver-
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handlungsort und die gegenseitigen Kurialien. Weigerung der Kaiserlichen in Osnabrück, die Voll-
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machten auszutauschen. PS: Bericht an die Königin mit nächster Post.

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Il y avoit dix ou douze jours que nous estions rejointz lorsque la lettre de la
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Reyne du 9. de ce mois nous a esté rendue. Vous aurez veu par les nostres
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précédentes que nous avons respondu à plusieurs des pointz qu’elle con-
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tient , ce qui nous empeschera d’importuner Sa Majesté ny vous sur les
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mesmes choses.

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Dès le landemain

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Am 19. April; vgl. das Eingangsdatum von [ nr. 30. ]
nous fismes sçavoir nous mesmes à Monsieur Contarini
29
l’ordre que nous avions receu de Sa Majesté de le traitter selon son désir
30
dont il tesmoingna beaucoup de satisfaction. En effect il la doit avoir bien

[p. 123] [scan. 213]


1
grande d’avoir sçeu si bien prendre le temps et l’occasion d’acquérir cet
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advantage nouveau à sa République. Il a fort bien recogneu que nous
3
n’avions peu luy donner ce contentement sans un commandement exprès
4
et que nous avions eu raison de nous régler par le stile de Rome suivant
5
mesme les résolutions qui en avoyent esté prises du temps du feu Roy,
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lorsque Monsieur de Chavigny devoit estre de cette ambassade, qui s’en
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pourra ressouvenir. La chose a beaucoup mieux réussy de cette sorte que
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si elle luy eust esté accordée d’abord sans aucune contestation. Il eust peu
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croire que nous l’eussions faict comme quelques autres ou par ignorance ou par
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bassesse, au lieu que maintenant il a plus de gloire d’estre demeuré vainqueur
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après un combat. Nous luy avons faict cognoistre le plus doucement qui nous a
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esté possible que ce n’est pas un petit tesmoignage de l’affection de la Reyne
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envers sa République d’avoir voulu accorder des honneurs nouveaux à ses
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ministres dans un lieu si célèbre que celuy cy. Vous pouvez estre asseuré
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qu’il est très content, puisqu’avant la réception de la despesche de Sa Majesté,
16
nous luy avions si bien faict cognoistre que la raison estoit de nostre costé
17
et qu’il n’estoit pas bien fondé en sa prétention, qu’il nous avoit faict pro-
18
poser des expédients d’accommodement. Ce que nous appréhendons mainte-
19
nant est que cet exemple ne nous donne de nouvelles peines avec les Hollan-
20
dois , qui sans doutte porteront leurs plaintes bien avant de ce qu’on accorde
21
aux autres des honneurs nouveaux en mesme temps qu’on leur refuse ceux
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dont ilz croyent avoir esté en possession. Lorsqu’ilz verront que par une
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grâce nouvelle on donnera aux Ambassadeurs de Savoye de l’Excellence et
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qu’on traittera ceux de Venise tout à faict comme ceux des premières Cou-
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ronnes , il y aura peut estre suject d’appréhender l’effect de leur ressentiment,
26
car comme nous vous avons desjà cy devant marqué, ilz ne sont pas raison-
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nables toutes les fois qu’on veut mettre quelque différence entre leur Répu-
28
blique et celle de Venise et ne manquent jamais de faire remarquer combien
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la leur est aujourd’huy plus puissante et combien elle est plus utile et plus
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affectionnée à la France.

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Le landemain que nous eusmes faict sçavoir à Monsieur Contarini les ordres
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de la Reyne, il envoya demander audience à moy Servien, et dans la visite
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toutes choses se passèrent dans une civilité réciproque sans faire mention
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de la contestation passée qu’en termes généraux et pour excuser le retarde-
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ment de l’entreveue. Quoyque les duretéz qu’il avoit tesmoignées dans une
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prétention nouvelle et les pointilles un peu esloignées de la courtoisie dont
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il s’estoit servy pour parvenir à ses fins m’eussent donné peu d’inclination
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à luy faire des honneurs nouveaux, néantmoins j’ay exécuté ponctuellement
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et sans regret les commandemens de Sa Majesté, luy ayant faict à l’entrée et à
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la sortie comme il nous est ordonné tous les mesmes complimentz que nous
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avons faict[s] aux Ambassadeurs de l’Empereur et du Roy Catholique.

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Il nous reste maintenant à sçavoir comme nous aurons à vivre avec les
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Ambassadeurs de Savoye et de Hollande. Nous vous supplions, Monsieur,
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de nous informer bien ponctuellement des intentions de la Reyne sur ce

[p. 124] [scan. 214]


1
suject. Nous vous avons cy devant représenté quelques difficultéz sur les-
2
quelles vous nous obligerez extrêmement s’il vous plaist de nous y donner
3
un entier esclaircissement. Comme nous craindrions de faillir en nous
4
esloignant des antiennes formes et en nous relaschant le moins du monde
5
des advantages qui sont deus au Roy, nous serons délivréz de cette crainte
6
lorsque nous n’aurons qu’à obéir. Pour la prétention de Savoye, il dépend
7
purement de Sa Majesté d’y faire ce qu’il luy plaira, sans qu’il y aye sujet
8
d’en craindre la suitte. Mais il n’en est pas de mesme des Hollandois qui
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sont résolus de ne nous point voir si on ne les traitte comme ilz prétendent,
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ce qui peut produire divers inconvéniens. L’on nous a permis de leur donner
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de l’Excellence et non pas la main, cependant ilz s’attachent plus à la main
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qu’à ce tiltre qui ne les contentera pas, quoyque selon nostre foible avis il
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soit plus obligeant et plus approchant de l’égalité que la main droitte. Nous
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eussions estimé qu’en donnant la main au premier d’entre eux et la prenant
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sur les six autres, nous eussions moins relasché de la dignité du Roy qu’en
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leur donnant à tous de l’Excellence, et avant cette dernière grâce faitte à
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Venise et à Savoye, nous eussions espéré de les en faire contenter. Ne croyez
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pourtant pas, Monsieur, que nous leur ayons donné aucune espérance.
19
Le traittement que nous avons receu d’eux à nostre départ dont nous faisons
20
noz plaintes à la Reyne par une lettre séparée ne nous oblige pas de leur
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estre favorables dans leurs intérestz particuliers. Nous ne sçavons pas mainte-
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nant en quelle humeur ilz seront, leur conduitte n’estant pas tousjours égale
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ny trop bien réglée. Et de faict, nous n’entendons point de leurs nouvelles
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et n’apprenons pas qu’ilz se disposent de venir icy, se douttans peut estre
25
bien que les affaires ne sont pas si advancées qu’encores qu’ilz partent tard
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ilz n’y arrivent assez à temps. |:Monsieur Contarini nous a confessé que ce
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que nous avons faict avec eux pendant nostre séjour à La Haye a extrême-
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ment piqué les Espagnolz. Il appelle ce traicté un coup de maistre qui a
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destruict toutes les espérances qu’on pouvoit avoir de faire un traicté
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particullier avec eulx, Dom Diego de Sahavedra luy ayant dit un jour
31
qu’en une après soupé[e] il pouvoit commencer et conclure le traicté des
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Hollandois.

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Nous avons escrit au secrétaire de l’Eslecteur de Mayence

Ottaviani.
suivant l’addresse
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qu’il vous y pleu nous donner pour establir une correspondance avec luy
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et tirer les lumières qu’il nous pourra donner sans nous ouvrir que de ce
36
qui ne pourra nuire. Quand nous aurons apris par quelle voye nous pourrons
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escrire au neveu dudit Electeur

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37 de Mayence] fehlt in der Dechiffrierung.
de Mayence

Reiffenberg.
, nous le ferons aussy fort
38
soigneusement. Quand il n’y aura qu’un peu d’argent à hazarder de ce costé
39
là pendant quelque temps, la perte mesme n’en sera pas beaucoup consi-
40
dérable :|.

[p. 125] [scan. 215]


1
Il faudroit que les ministres de Suède fussent bien desraisonnables pour
2
trouver à dire sur la prière qui a esté faitte à la Reyne de tenir l’enfant qu’il
3
plaira à Dieu donner au Roy de Polongne. Quand la Reyne de Suède

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Christina von Schweden, 1626–1689; sie regierte 1632–1654, am 7. Dezember 1644 wurde sie für
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volljährig erklärt. Vgl. SMK IV S. 346–349 und S. Stolpe .
eust
4
esté priée de la mesme chose, il n’y a pas apparence que la bienséance luy
5
eust permis de la refuser. C’est pourquoy nous nous contenterons de leur
6
en donner part et de leur faire considérer la circonsepction de Sa Majesté
7
qui ne veut pas faire mesme les choses de civilité dans leur voisinage sans
8
les en advertir.

9
Voilà, Monsieur, ce que nous pouvons vous dire sur les principaux pointz
10
de la lettre de la Reyne. Il nous reste à vous faire sçavoir qu’en suitte de ce
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que nous vous avons desjà marqué par nostre dernière despêche, nous avons
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déclaré à Messieurs noz Médiateurs (lesquelz nous avions priéz de s’ assem-
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bler pour nous donner audience) les difficultéz qui se rencontrent dans les
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pouvoirs des Plénipotentiaires d’Espagne. Celle qui ne regarde que les
15
qualitéz que le Roy Catholique a prises de Roy de Navarre et de Portugal
16
et de Seigneur de Barcelonne se pourra aisément accommoder, comme nous
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avons mandé, par un acte de protestation que les qualitéz prises ou obmises
18
de part et d’autre ne pourront préjudicier au droict des parties. A la vérité,
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cette précaution est nécessaire, puisque le Roy ne s’est point intitulé dans
20
ses lettres patentes Seigneur de Barcelonne comme a faict le Roy Catholique
21
dans les siennes. Encores que nous puissions dire que tout est compris soubz
22
le tiltre de Roy de France à cause que par les loys du Royaume, tous les
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Estatz et Seigneuries qui arrivent à noz Roys par armes, succession ou
24
autrement sont unies inséparablement à la Couronne, néantmoins peut estre
25
ne seroit [il] pas hors de propos après les qualitéz de Roy de France et de
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Navarre d’adjouster un etc. comme font plusieurs Roys et Princes et entre
27
autres le Duc de Venise qui met Dux Venetiarum etc. soubz lequel le
28
Royaume de Candie

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Kreta mit der Hauptstadt Kandia war venezianisch.
et les autres Estatz que possède cette République sont
29
compris.

30
Quand à la seconde difficulté, elle est si juste et si considérable que les deux
31
Médiateurs ont esté contraictz de l’avouer, l’un d’eux nous ayant confessé
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qu’il l’avoit remarquée dès que les pouvoirs desdictz Ambassadeurs luy
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avoyent esté mis entre les mains et qu’avant nostre arrivée il en avoit eu
34
quelques discours avec Monsieur Saavedra. Vous verrez par les coppies de
35
leurs pouvoirs que nous vous avons envoyées

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Als Beilage zu [ nr. 51. ]
que le Roy Catholique par
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une forme nouvelle donne à chacun de ses Plénipotentiaires un pouvoir
37
particulier pour intervenir au traitté de paix avec ses autres Plénipotentiaires
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sans déterminer le nombre. Si bien qu’en ayant nommé plusieurs dont les
39
uns sont mortz, les autres ne sont pas encores venus et les deux qui sont

[p. 126] [scan. 216]


1
icy n’ayans pas pouvoir de travailler et condurre en l’absence des autres

38
Zapata war am 2. April 1644 gestorben; Peñaranda und Bergaigne befanden sich noch nicht in
39
Münster; anwesend waren Saavedra und Brun.
,
2
c’est autant que s’il n’y avoit personne de la part dudict Roy et semble que
3
ce n’a esté que pour amuser le monde ou nous tromper qu’on les y a faict
4
venir avec des pouvoirs dans une forme si déffectueuse, les nostres estans
5
si amples qu’ilz sont et toutes les clauses y estant si fidèllement exprimées.

6
Vous apprendrez par les lettres de Monsieur de La Thuillerie qu’il est icy
7
parmy nous depuis quatre jours

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La Thuillerie war am 18. April in Münster angekommen. Dies geht aus seinen Berichten an
41
Brienne hervor, Münster 1644 April 22 und 23, Kopien: AE , CP All. 26 fol. 254’–255’ und
42
fol. 258.
où il s’est rendu sur l’asseurance des passe-
8
portz que nous luy avions envoyéz et d’une puissante escorte qui l’a conduit
9
jusques aux portes de cette ville. Nous n’obmettons rien pour faciliter et
10
haster son voyage autant qu’il nous est possible, mais outre que nous
11
n’avons pas estimé à propos de demander des passeportz aux Ambassadeurs
12
des Impériaux qui sont icy sur quelques avis qu’on nous a donnéz qu’ilz
13
feroient difficulté de les accorder, il ne sçauroit passer plus avant qu’après
14
que nous aurons conféré avec les Ambassadeurs de Suède. Et sur les diffi-
15
cultéz qui se sont jusques icy rencontrées pour l’entreveue que nous devons
16
faire avec eux, nous avions pour gagner temps chargé Monsieur le Baron
17
de Rorté de leur en communiquer, mais il n’a peu avoir jusques icy autre
18
response d’eux si non qu’il ne doutoit point que la médiation du Roy ne
19
fust plus agréable à la Couronne de Suède que celle de tout autre Prince,
20
que toutes fois ilz n’en pouvoyent pas encores parler avec certitude n’ayant
21
point receu d’ordre de leur Reyne sur ce sujet

43
Vgl. [ nr. 58 ] , auch für das Folgende.
.

22
Cette affaire nous oblige de presser doublement nostre entreveue avec eux
23
laquelle plusieurs autres considérations rendent nécessaire, mais quelque
24
soin que nous ayons apporté nous n’avons encores peu surmonter les diffi-
25
cultéz que s’y sont presentées, |:Monsieur le Baron Oxenstiern

37
25 qui] fehlt im Klartext.
qui est le
26
premier de l’ambassade estant si altier et si poinctilleux qu’il est malaisé de
27
le faire convenir d’aucun expédient raisonnable:|. Nous avons proposé de
28
nous rendre dans un lieu à my chemin et de nous contenter que toutes
29
choses soyent égalles entre nous, quoyqu’avec raison nous pussions pré-
30
tendre pour l’intérest du Roy quelque prérogative. Les choses en sont
31
demeurées à qui fera la première visite lorsque nous serons dans un mesme
32
lieu. Monsieur Salvius dit dernièrement à Monsieur de Rorté luy parlant
33
de cette affaire ces mesmes motz: Voz Messieurs ne voudroyent pas mettre
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l’affaire au sort, jugeant assez luy mesme le sujet que nous avions de rejetter
35
cette proposition. Nous travaillons à chercher quelques autres moyens pour
36
terminer cette contestation sans relascher de la dignité du Roy, et devons

[p. 127] [scan. 217]


1
pour cella nous assembler cette après disnée avec un gentilhomme qui est
2
icy de leur part

35
Krusbiörn.
. Ilz ont encores plus de sujet que nous de désirer et faciliter
3
la conférence, l’Ambassadeur de l’Empereur qui est à Osnaburg ayant refusé
4
de faire avec eux la mesme communication des pouvoirs qui a esté faitte
5
icy entre nous. Il s’est excusé sur l’absence des Médiateurs, ce qui faict
6
croire qu’il attend avant que voulloir entrer dans ce traitté ce qui réussira
7
de celuy qui est sur le tapis entre le Roy de Dannemarch et son maistre.
8
Cependant s’il persiste à ne voulloir point entrer en négotiation avec les
9
Suédois, nous ne voyons pas bien comment nous pourrons entrer plus avant
10
en matière de nostre costé, puisque sans doutte les Suédois nous prieront
11
de ne nous avancer pas davantage et que les traittéz ne nous permettent pas
12
de le faire sans eux.

13
PS: La despesche pour la Reyne dont nous vous parlons dans cette lettre
14
ne sera pas envoyée par cette occasion, nous avons remis à la [envoyer]
15
par la prochaine , et nous avons adjousté ces lignes pour vous en donner
16
advis.


17
Beilagen in AE , CP All. 32


18
1 fol. 142–145: Ausfertigung von nr. 66.

19
2 fol. 146–146’: d’Avaux und Servien an den Frankfurter Deputationstag, Münster 1644
20
April 6, Kopie.

21
3 fol. 148–148’: d’Avaux und Servien an die Reichsstädte, Münster 1644 April 6, Kopie.

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