Acta Pacis Westphalicae II B 3,2 : Die französischen Korrespondenzen, Band 3, 2. Teil: 1646 / Elke Jarnut und Rita Bohlen unter Benutzung der Vorarbeiten von Kriemhild Goronzy mit einer Einleitung und einem Anhang von Franz Bosbach
245. Memorandum Mazarins für d’Avaux Paris 1646 April 26

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Memorandum Mazarins für d’Avaux


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Paris 1646 April 26

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Kopien: AE , CP All. 64 fol. 294–297 = Druckvorlage, betitelt: Dernier mémoire que Mon-
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seigneur m’a dicté le 26 avril 1646; AE , CP All. 76 fol. 239–245. Reinkonzept

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S. [ nr. 243 Anm. 1 ] . Die Druckvorlage ist vermutlich diejenige Fassung (Ausfertigung?), die
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Préfontaine nach Münster mitgebracht hat.
: AE , CP
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All. 60 fol. 186–189.

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Entschädigung für Katalonien einem Waffenstillstand vorzuziehen. Lob der Argumentation
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d’Avaux’ gegenüber Trauttmansdorff. Dessen Abneigung gegen die Spanier. Gewinnung Trautt-
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mansdorffs . Formelle Zession des Elsaß und Verwendung der Entschädigungssumme für Länder-
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kauf . Feldzug Turennes. Interesse Spaniens an Portugal und Katalonien. Einbeziehung von Ro-
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sas , Franche-Comté und Cambrai in die französischen Forderungen. Eventuelle Zugeständnisse
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(Schleifung Thionvilles, Rückgabe der Eroberungen in Flandern und der Franche-Comté). Mili-
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tärische Überlegenheit Frankreichs. Differenzen mit Rom. Bulle. Flotte. Italienische Angelegen-
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heiten . Heeresstärke in Flandern. Prinz von Oranien. Anweisung an die Generäle, nichts zu
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riskieren. Übles Verhalten der Herzogin von Savoyen. Heiratsverbindung. Waffenstillstand für
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Italien und Katalonien. Zeitpunkt für die Erklärung gegenüber Spanien. La Bassée.

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Monsieur d’Avaux aura veu par les despesches précédentes que Son Eminence
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se conforme à son advis touchant la Catalongne, et qu’il vault mieux en tirer
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rescompense dans ce traité quelque disproportionnée qu’elle soit à la restitu-
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tion d’une telle province que de faire une tresve. Et Son Eminence approuve
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fort les raisons que Monsieur d’Avaux en a données.

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Que Son Eminence ne respont pas à tous les articles en particulier de la lettre
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de Monsieur d’Avaux parce que le mémoire du Roy et ce qui m’a esté dict
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là-dessus y satisfaict pleinement.

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Qu’il n’y a rien à adjouster à l’adresse, à la fermeté et aux manières obligean-
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tes avec lesquelles il s’est conduict dans la longue conférence qu’il a eue avec
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Trautmansdorff, et s’il n’a esté persuadé des vives raisons qui luy ont esté
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dictes par Monsieur d’Avaux, c’est qu’il ne le vouloit pas estre. Mais Son Emi-
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nence ne doubte point que cela n’ayt faict grande force sur son esprit, et que
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cela ne l’ayt non seullement confirmé dans le dessein qu’il avoit de nous don-
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ner satisfaction, mais aussy qu’il n’ayt esté porté à faciliter de plus en plus ce
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qui peut regarder ce point-là.

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Que la response de Monsieur d’Avaux à la considération qu’avoit Trautmans-
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dorff en faveur des archiducz d’Inspruc a esté fort agréable à Son Eminence et
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tout à faict conforme à son sentiment.

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Son Eminence a escrit plusieurs fois ses sentimentz sur la personne de Traut-
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mansdorff qu’il estime estre un bon Allemand, et que la nécessité de conser-
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ver la posture où il est auprès de son maistre l’a obligé à vivre avec les Espa-
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gnolz mieux qu’il n’avoit faict durant la vie d’Eckenberg; qu’en effect il n’a
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aucune affection pour eux, de quoy sans doubte l’on verra les effectz de plus
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en plus toutes fois et quantes que sans préjudicier au service de son maistre il
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pourra suivre ses inclinations.

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Monsieur d’Avaux prendra occasion d’asseurer Trautmansdorff que Son Emi-
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nence veult bien vivre avec luy, qu’il espère après la paix de mettre sur le tapis
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des choses advantageuses à son maistre. Que la paix establie Son Eminence
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luy donnera subject d’avoir toute confiance en elle, qu’elle travaillera avec
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grand plaisir pour l’establir toute entière entre la France et son maistre et
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pour faire congnoistre à l’Empereur que l’amitié de cette couronne luy peut
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estre plus asseurée et plus utille que celle du roy d’Espagne qui n’a jamais eu
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d’autre fin que de se servir des forces et de ce qui pouvoit dépendre de l’ Em-
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pereur pour l’advantage de ses intérestz particuliers.

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Sur ce que Trautmansdorff a allégué à Monsieur d’Avaux la rigueur de Son
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Eminence envers les Impériaux et Espagnolz dans cette négotiation, il est à
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propos de luy faire entendre qu’encores que Son Eminence travaille jour et
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nuict pour le bien de ce royaume il ne peut empescher qu’il n’y ayt des
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François qui le blasment et qui mesmes crient bien hault de ce qu’il conseille
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la paix dans un temps où les François croyent qu’il est très facille de venir à
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bout de tout ce qu’on entreprendra dans la continuation de la guerre. Par là
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ledict Trautmansdorff peut s’immaginer ce qu’on diroit en France si Son
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Eminence conseilloit une paix désadvantageuse dans l’estat présent des affai-
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res de France et dans les apparences d’avoir encores plus de prospéritez à
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advenir.

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Et qu’il est vray que la qualité d’estranger l’oblige à faire quelque chose de
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plus que s’il estoit nay François, et que la Reyne aussy est obligée à la mesme
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chose estant sœur du roy d’Espagne, puisque sans cette qualité elle pourroit
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estre conseillée de se relascher davantage qu’elle ne faict.

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Enfin Monsieur d’Avaux n’oubliera rien pour cajoller l’esprit de ce ministre,
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et comme dans l’exécution des ordres qu’il a de son maistre de s’accommoder

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1
avec nous et la Suède il est impossible que le comte de Pennaranda ne s’ em-
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porte contre luy, il fault y avoir l’œil afin de profitter de l’occasion, luy disant
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tout ce qui pourra faire le plus d’impression sur son esprit au désadvantage
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des Espagnolz; l’asseurer que comme ilz n’ont jamais eu une entière confiance
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en luy et qu’il a tousjours esté tenu d’eux pour un bon Allemand désintéressé
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et vray serviteur de son maistre, quoy qu’il fasse il ne doibt pas attendre d’eux
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une sincère amitié.

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Ce que Monsieur d’Avaux a recongnu que les Impériaux et les archiducz
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d’Inspruck ont le poignard dans le sein et que la nécessité etc., nous oblige
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d’autant plus à tenir ferme et de demander la cession desdictz archiducz en
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bonne forme. Si l’on pouvoit ménager auprès d’eux que l’argent qui leur pro-
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viendra de la récompense de leur pays fust employé à l’achapt de quelques
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pays en Allemagne, Son Eminence estime que ce seroit une bonne affaire, et
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tout le monde en juge de mesme. Monsieur d’Avaux est prié d’y employer
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tous ses soins et son industrie.

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Monsieur d’Avaux se souviendra qu’il est extrêmement important que mon-
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sieur le mareschal de Thurenne soit au plus tost en liberté de pouvoir agir,
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parce qu’il est impossible qu’il puisse subsister deçà le Rhin sans en chercher
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les moyens dans les Estatz du roy d’Espagne.

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Monsieur d’Avaux a très adroictement respondu à Trautmansdorff touchant
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les intérestz d’Espagne.

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Remarquer qu’il n’y a rien qui touche davantage les Espagnolz que le Portu-
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gal et la Catalongne, de sorte que les facilitez que nous apporterons en nous
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relaschant de ce costé-là nous doivent produire quelqu’advantage lequel il
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vault mieux avoir présentement que de faire une tresve etc. Je suis particuliè-
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rement et amplement instruict là-dessus.

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Se souvenir parlant du Roussillon d’y comprendre Rozes parce que l’on n’est
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pas asseuré que la place soit du comté. Il n’y a pas de doubte que ce ne soit
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une belle acquisition avec le comté d’Artois, mais il faudra insister pour avoir
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la Franche-Comté et Cambray afin qu’en retenant Gravelines, Bourbourg et
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Landrecy nous fassions une seconde frontière à la Picardie.

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Il est [à] considérer que les Espagnolz venantz à rentrer dans la Catalongne
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sont asseurez après cela de recouvrer le royaume de Portugal, sur quoy ilz
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doibvent faire grande considération.

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Les Espagnolz rentrant dans ce que nous tenons du Luxembourg puisqu’il
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sera malaysé de faire mieux, l’on pourroit convenir de raser Thionville à
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condition que l’on ne pourroit jamais y fortiffier.

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Rendant en outre ce que nous tenons dans la Franche-Comté et dans la Flan-
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dres , cela debvroit estre très considérable aux Espagnolz puisque nous avons
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si bien accommodé tous les postes que nous occupons sur le Lis qu’il n’y en a
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pas un qui ne mérite un siège formé.

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Quelque ostentation que fassent les Espagnolz, noz affaires sont en si bon
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estat de tous costez et noz armées si fortes qu’à moins d’une visible déclara-
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tion du Ciel contre nous nous debvons espérer dans cette campagne des

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advantages considérables qui mettront les Espagnolz dans la nécessité de
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condescendre promptement à la paix.

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Recommander à Monsieur d’Avaux les affaires de Rome suivant ce qui est
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porté dans le mémoire du Roy.

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Les affaires de la bulle.

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Armée navalle.

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Négotiations en toutes les parties d’Italie et propositions qui ont esté
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faictes.

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Quarante mil combatans effectifz en Flandres.

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Son Eminence est asseurée que le prince d’Orange agira bien.

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Tous les généraux ont ordre de n’hazarder rien mal à propos.

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Que madame de Savoye se conduict très mal envers la France. Elle croit en
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toutes choses le marquis de Pianeza qui tesmoigne grande aversion à tous les
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intérestz de cette couronne et qui ne tasche qu’à establir des maximes dans
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l’esprit de madame et de monsieur le duc de Savoye contraires à la recon-
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gnoissance qu’ilz doyvent tous deux à la protection que la France leur a don-
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née avec tant de fermeté, les ayant garanty d’une oppression qu’ilz ont esté à
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la veille de souffrir sans les grandz effortz que l’on a faictz pour les en desli-
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vrer . C’est pourquoy on doibt sérieusement penser à ces affaires-là. Car si
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Madame et son premier ministre agissent de la sorte lorsque nous tenons les
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meilleures places du Piedmont et du Montferrat, que nous y avons une bonne
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armée, nous debvons attendre pis quand nous n’y aurons plus de forces. Il
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fault aussy considérer que ce marquis de Pianeza est filz d’un homme qui fust
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sacriffié aux vollontez de Henry IV qui luy fit couper le col, et peut-estre
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songe-t-il à présent au moyen de vanger la mort de son père aux despens du
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roy d’à présent.

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Tout cecy est dict afin que Messieurs les Plénipotentiaires considèrent bien de
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quelle façon on aura à se conduire dans les affaires de ce pays-là, estant cer-
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tain que la mauvaise conduitte de Madame et les asseurances que nous avons
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de la mauvaise vollonté de la duchesse de Mantoue contre nous obligent à
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prendre noz seuretez en sorte que nous n’en puissions pas ressentir un jour les
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effectz.

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Il fault aussy songer au mariage duquel il a esté parlé.

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Comme toutes ces affaires-là pourront estre malaisément traictées en peu de
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jours, il sera absolument nécessaire (lorsque l’on sera convenu de toutes les
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autres) de faire une suspension d’armes en Italie afin de les vuider sans préci-
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pitation .

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La tresve que l’on fera pour la Catalongne en cas que l’on n’en puisse tirer de
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rescompense ne nous pourra nuire parce que le pis qui nous peut arriver est
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de la rendre si nous y sommes nécessitez.

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Et pour l’Italie, ayant adjusté le point de Pignerol, il faudra convenir des au-
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tres comme l’on pourra sans qu’il puisse rien arriver qui nous oblige à la
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rupture si tant est que les affaires du Roy l’obligent de se relascher à tout ce
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que l’on prétendra.

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1
Pour parler de la tresve de Catalongne il seroit mieux d’attendre que les Es-
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pagnolz proposassent de nous laisser les deux comtez d’Arthois et de Roussil-
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lon , mais si cela ne se peut il fault au moins avoir patience qu’ilz proposent le
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dernier à cause du raport qu’il a avec la Catalongne et de la facilité que cela
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nous donnera pour nous justiffier auprès des Catalans par les raisons que Son
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Eminence a eu agréable de me dire.

7
La Bassée est asseurément du comté d’Arthois.

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